Le remake du film de 1977 de Claude Berri, produit par son fils Thomas Langmann, s'en tire pas si mal que ça. Finalement, j'ai passé un bon moment devant.
J'aime bien ce que dit le metteur en scène, Jean-François Richet : "dans la vie on fait comme on peut » ! Je ne juge pas ces personnages. Ils ont leur problématique, quels que soient leurs défauts, leurs ratés ou leurs aveuglements. C’est comme aux échecs : chaque pion bouge selon sa propre logique et parfois il y a des confrontations. La vie, et donc l’amitié, suivent la même dramaturgie".
"C’est la rencontre d’une force (Louna), et d’une faiblesse (Laurent). C’est elle qui maîtrise la situation et tire les ficelles, sans doute parce que son désir d’amour est finalement assez pur."
Pour l'écriture du scénario et la mise en scène, Jean-François Richet s'est d'ailleurs associé à une femme, Lisa Azuelos, ce qui a rassuré Vincent Cassel qui craignait de jouer dans une oeuvre qui ne se concentrerait que sur les personnages masculins : "A aucun moment l’histoire et le film ne devaient se faire au détriment des femmes et de Lola Le Lann qui joue le rôle de Louna. Laurent mon personnage ne devait pas apparaître comme un prédateur qui maîtrise la situation…" Le comédien a également ajouté qu'il ne s'agissait pas que d'une histoire d'amour et de désir naissant mais d'une véritable amitié mise à mal.
C'est justement l’excellent Vincent Cassel qui, je trouve, rehausse ce film et le sauve d'un certain point de vue. Il joue formidablement bien je trouve, ce père égaré, cédant à sa faiblesse et qui n'assume pas son geste ...
Vincent Cluzet est quant à lui, un peu plus lourd dans son jeu, poussant un peu jusqu'à l'extrême les réactions excessives, la personnalité un peu borderline du personnage d'Antoine. Mais ce n'est pas vraiment de sa faute, la lourdeur est du au personnage lui même, qui a des réactions qu'on pouvait comprendre en 1977, mais qui sont à mes yeux un peu anachroniques en 2015 : une jalousie démesurée vis à vis de sa fille, couplée à un instinct de surprotection un peu excessif.
Mais après tout, il doit bien exister de nos jours des pères comme ça, alors pourquoi pas ?
Alice Issaz, dont ce n'est pas le premier rôle au cinéma, s'en sort plutôt bien, avec une sobriété salvatrice.
Par contre, j'ai trouvé que la jeune Lola Le Lann minaudait ostensiblement et cela m'a agacé très souvent. Pas la peine de tortiller autant des fesses pour montrer qu'on cherche à séduire son aîné ! Agnès Soral était bien plus intéressante dans son jeu, aux côtés de Jean-Pierre Marielle.
La scène du début dans la voiture, sur la musique du tube "It follows" est une bonne entrée en matière, qui nous rappellera une scène (bien mieux réussie) de La vie d'Adèle.
Le décor fourni par l’île de beauté parait assez anecdotique; les beaux paysages auraient pu se trouver aussi bien sur la côte d'Azur que sur la Costa Brava. Les histoires de chasse aux sangliers, pour moi qui ait vécu en Corse quelques années, paraissent ridicules, tombent complètement à plat et n'apportent rien au scénario.