Un petit bijou générationnel, serti de dialogues tout à fait délicieux et magnifiquement incarné par un Hippolyte Girardot dans la fleur de l'âge : voilà ce qu'est Un monde sans pitié, premier long métrage et coup de maître pour le confidentiel Eric Rochant ! Une tranche de vie authentiquement contemporaine, nous plongeant dans un Hexagone au beau soir du communisme, plus très loin des premières heures de l'Union Européenne et des années 90.
Si l'on considère qu'il s'agit d'un premier film c'est là du travail sociologique et cinématographique de très très grande qualité : Rochant suit à la trace le jeune Hippo, trentenaire sans envergure et bellâtre à ses heures perdues, jeune homme sans travail, sans argent, sans chômage et sans passion... ou presque ! Exclusivement intéressé par la gente féminine Hippo s'entiche dès les premières minutes du métrage de la très belle et très ashkenaze Nathalie, étudiante bûcheuse rechignant à complaire à la dérision et à l'avachissement dudit godelureau... S'ensuivra une histoire de grand amour tour à tour bienveillante et désenchantée, faisant corps avec la préoccupations socio-politiques du contexte francophone de l'époque.
Le film de Eric Rochant cultive un capital sympathie ahurissant, même dans ses clichés les plus rédhibitoires : superbement écrit et interprété par l'ensemble des comédien(ne)s ( Yvan Attal excellent en larve amicale et indolente, Mireille Perrier non moins remarquable en femme carriériste mais sous le charme de l’inénarrable Hippo ) Un monde sans pitié est une chronique parisienne sublime et pleine d'illusions disparues. Hymne d'amour et d'eau fraîche ce premier long métrage - précurseur des comédies dramatiques sociales telles que La Vie rêvée des anges de Erick Zonca - est de ces parties de plaisir cinématographique proche du film culte. Un indispensable !