Premier long métrage d’Éric Rochant (qui nous offrira Les patriotes cinq ans plus tard) que j’avais, avec le temps, grandement fantasmé : quel bonheur de le découvrir aujourd’hui, c’est un film merveilleux.
La mélancolie douce du film m’a beaucoup rappelé un autre film qui m’est cher, L’âge des possibles, de Pascale Ferran. L’écriture y est tout aussi inventive, élégante. Les dialogues sont gigantesques. À noter que le scénario est co-écrit avec Desplechin, avant qu’il fasse lui-même des films.
J’ai toujours des réserves sur le jeu d’Hippolyte Girardot, là non, il est incroyable. Et tous sont dans sa roue, aussi bien Yvan Attal (par ailleurs lauréat du Cesar du meilleur espoir masculin pour le rôle) que Mireille Perrier et tous les seconds rôles qui gravitent autour d’eux.
C’est une chronique désabusée doublée d’une histoire d’amour impossible entre une normalienne de la rive droite et un oisif éternel de la rive gauche, qui pour elle, éteint la tour Eiffel d’un claquement de doigts.
On parle parfois (à tort et à travers) de « film générationnel ». Il me semble qu’Un monde sans pitié, dans sa façon de capter une époque, une ville, un appartement, et bien sûr le désenchantement d’une jeunesse multiple, utopique ou pessimiste, peut prétendre à être un film générationnel.
Hormis un léger bémol sur l’utilisation musicale, j’ai trouvé ça magnifique. Déjà envie de revoir cette superbe « comédie dépressive ».