Un monsieur de compagnie boucle en quelque sorte un premier cycle dans le cinéma de Philippe de Broca, à savoir sa collaboration avec Jean-Pierre Cassel. C'est leur quatrième film en commun (il y en aura un cinquième bien plus tard, Chouans) avec une osmose créatrice, mais la rencontre du réalisateur avec Jean-Paul Belmondo, avec à son actif deux cartons (Cartouche et L'homme de Rio) aura raison de cette première période.
Néanmoins, de Broca se projetait beaucoup dans ces films avec Cassel, qui était en quelque sorte son double cinématographique, et qui représentait quelque part une envie d'évasion, de fuir les contingences du monde réel. Ce dernier joue un jeune homme paresseux, qui vit sur le dos de son grand-père, richissime rentier, pour qui son mantra est de ne rien faire de sa vie. A sa mort, Cassel se retrouve donc seul, et, sans avoir l'intention de travailler, doit se débrouiller par lui-même, soit en rencontrant d'autres hommes riches, ou de séduire des femmes.


Il en résulte un film bourré de charme, qui tient à l'interprétation toute en légèreté de Jean-Pierre Cassel, qui est, quelques années avant Alexandre le bienheureux, une ode à la paresse. Sauf que lui va bouger au fil de ses rencontres, allant de Montmartre en Italie, puis en Angleterre pour revenir en France, histoire de faire un cercle. D'ailleurs, cette idée va revenir dans l'histoire, où à chaque fois, le type va revenir à son point de départ. On y croise Jean-Pierre Marielle, Catherine Deneuve, Jean-Claude Brialy, Annie Girardot, Adolfo Celi ou encore Marcel Dalio. Le film ressemble au fond à de petits sketches sur l'art de vivre bien et de manière dispendieuse sans avoir un sou en poche, sur le dos des autres, et ce uniquement grâce à son charme.
Il y a plusieurs histoires que j'ai trouvé très drôles, comme celle avec Brialy, un homme très riche, dont la passion est le train électrique, et il permettre à Cassel de vivre logé et nourri si il joue les contrôleurs de gare sur ce grand jouet, quitte à le réveiller à 6h00 du matin pour le départ des trains !
Ou alors Cassel qui rencontre une serveuse, femme d'un boulanger, et dont les cris de plaisirs ne sont émis que quand ce dernier chante en faisant son pain la nuit.
Il y a aussi une très belle photo de Raoul Coutard, légèrement ouatée qui donne l'impression que tout ceci est comme un rêve, ainsi que le thème musical de George Delerue romantique à souhait. Car le personnage de Cassel, sous ses airs d'une grande gentillesse, n'est pas vu comme quelqu'un de calculateur, mais qui se laisse porter par les évènements.


Inutile de dire que j'ai beaucoup aimé ce Monsieur de compagnie, ode à la paresse, et qu'avec la perte de Cassel comme acteur principal, de Broca a sans doute laissé quelque chose de personnel dans ses autres films, pour certains réussis, mais qui n'auront pas toujours cette même légèreté.

Boubakar
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le 24 sept. 2020

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