Avec un matériau de base qu’il étale d’emblée sans s’en départir, l’univers westernien rocambolesque, le réalisateur de La Horde Sauvage, met en scène un film profondément mélancolique sur un Ouest sauvage peu à peu écrasé sous les roues d’une modernité qui laisse sur place quelques vieux cowboys nostalgiques.
C’est sur un ton léger résolument cartoonesque que Sam Peckinpah dresse le portrait de ce cowboy sans cheval qui tente de sortir son épingle du jeu dans un univers qui n’est plus vraiment le sien.
Admirablement interprété par un Jason Robards impassible et nonchalant, en cowboy désarmé qui au fond ne prétend qu’à trouver la sérénité et l’amour sous les traits d’une prostituée dont il s’éprend, le personnage de Cable Hogue est une sorte d’anti-héros flegmatique et emprunté à l’opposé des habituels desperados qui jalonnent le cinéma de Peckinpah.
L’utilisation d’artifices parfois pompeux qu’il emprunte au cartoon à la Tex Avery, avec des accélérés et une musique aux accents folkloriques donnent au film un côté second degré un peu trop appuyé. C’est à peu près le seul défaut que l’on peut reprocher au film, qui au final s’avère poser un regard tendre et nostalgique sur les vieux héros de l’Ouest.
Sous des couverts de western picaresque il y a dans Cable Hogue quelques unes des scènes les plus émouvantes et tendres de tout le cinéma de Peckinpah. Il réussit en quelque sorte là où personne ne l’attendait, rendre touchante une romance improbable entre deux personnages qui souvent servent de quidam dans le genre western, le looser et la prostituée