Les coïncidences de l'actualité relèvent parfois de véritables signes du destin.
Car Un Autre Jour sur Terre est exploité en même temps que la démission en forme de bouderie impuissante de notre cher Petit Nicolas, exsangue de toutes les couleuvres (les boas ?) que lui a fait avaler notre bon président Macron.
Et v'la-t-y pas qu'un péquin lance par réseaux sociaux interposés, partout en France, des marches pour la planète.
Avec ça, sûr que la Terre sera sauvée, tiens. Ouf. On a failli attendre.
Oui, bon, on essaie de faire abstraction, en même temps, de l'énergie démentielle perdue à refroidir les centres de sauvegarde de données qui permettent de les faire marcher, les réseaux sociaux. Tout comme il sera permis de rappeler que, pour aller à la marche solidaire pour la planète, il faut quand même bien garer en coeur de ville son gros SUV bien gourmand en carburant...
Je n'ose pour ma part penser que le remplaçant du Petit Nicolas aura les couilles de révolutionner son ministère. Car les couilles, en France, c'est comme les tigres blancs : on frôle l'extinction de l'espèce.
Tout ça pour dire que Un Autre Jour sur Terre, oui, c'est bien pour ça qu'on est là, est un joli documentaire, au bestiaire varié et parfois surprenant, produit sur le même moule que ses congénères pour émouvoir, pour émerveiller, pour montrer la beauté de ce qui nous entoure et nous inciter à préserver notre environnement.
D'autant plus que contrairement aux docs DisneyNature, il y a beaucoup moins de dramatisation artificielle des enjeux. Même si, faut pas rêver, la voix off parfois un poil naïve par instants n'a pas été collée en vacances.
Certaines images impressionnantes lorgnent du côté du jamais vu, sans doute, tandis que d'autres séquences enchantent la vie d'animaux beaucoup plus communs dans nos contrées en nous faisant partager leur vie au ras du sol.
La poésie prendra même en quelques instants les commandes, tout comme un sentiment des plus étranges une fois que la nuit tombe, quand ces prunelles fluorescentes et fixes s'allument soudain et illuminent les ténèbres.
Un Nouveau Jour sur Terre étonne, amuse, émeut, sensibilise... Comme tous ses collègues qui sortent au cinéma à intervalle régulier.
Mais après ?
Car le film s'arrête sur une mise en garde timide, comme tous ses camarades. Alors que la menace, réelle, s'aggrave et que le point de non retour sera bientôt franchi. Mais il ne dénonce pas. Il se contente de dire sous forme de litote, alors qu'il étonne une fois de plus en mettant en scène des animaux dans la ville, que ces belles images ne seront bientôt, peut être, plus possibles.
Comme l'air du temps, celui où on lance des marches prise-de-conscience pour la planète alors qu'en rentrant de son "engagement", on n'hésite pas à vider par la fenêtre le cendrier de son gros SUV gourmand, Un Autre Jour sur Terre ne passe pas la seconde marche de son objectif : secouer, dénoncer, attrister.
Le film est cool à aller voir, pas de problème là dessus, mais s'envisage encore un peu plus que ses concurrents comme un joli livre d'images, parfois magiques, toujours superbes. Mais si l'émerveillement comme première approche du respect se banalise ou se normalise, que restera-t-il à faire quand il sera trop tard et qu'il n'y aura plus grand chose à protéger sur cette planète ?
La question mérite d'être posée.
Behind_the_Mask, in the panda.