Le célèbre golfeur américain Phil Mickelson se plaisait à dire que "l'objectif du golf n'est pas simplement de gagner mais plutôt de gagner en jouant comme un gentleman". Cette idée de sport joué uniquement par des personnes aisées, où compterait davantage la manière de s'illustrer plus que le résultat, semble encore aujourd'hui symptomatique du golf.
Or, c'est sur ce point que le scénario du film apparaît, de prime abord, comme étant particulièrement intéressant. Plutôt que de mettre en lumière un championnat de golf classique joué par des légendes bankables de ce noble art, le réalisateur, Bill Paxton, fait le choix audacieux de narrer l'histoire vraie de l'US Open 1913. En effet, lors de cet événement datant du début du XXème siècle, antérieur aux Guerres Mondiales qui feront des ravages sur le Vieux Continent et le Nouveau Monde, la victoire se jouera contre toutes attentes entre Francis Ouimet, jeune caddy américain à l'origine sociale prolétaire, et son idole, Harry Vardon, issu d'une famille modeste du Jersey.
Durant l'intégralité du film, Ouimet devra affronter les plus grands champions de son temps tout en luttant autant, si ce n'est plus, contre les préjugés de ceux qui l'entourent. Les gentlemen, organisateurs et participants du tournoi, ne cesseront de lui rappeler son origine modeste inférieure en vue de l'humilier. Dans le même temps, et certainement encore plus douloureux pour le jeune Francis Ouimet, ce dernier devra faire face à l'hostilité de son père, un ouvrier froid et sévère, qui cherchera à maintes reprises à le dissuader de pratiquer un sport réservé selon lui aux classes supérieures.
Le choix du scénario est donc à saluer, tout comme le jeu excellent des acteurs principaux. Contrairement à d'habitude, et pour notre plus grand bonheur, Shia LaBeouf joue de manière très convaincante, sans fioritures. Stephen Dillane, campant le joueur anglais Harry Vardon, est lui aussi très intéressant dans sa prestation. Au niveau des acteurs, pour finir, une mention spéciale pourrait être donnée au jeune Josh Flitter, interprète du caddy de Ouimet, qui, malgré sa grande jeunesse, apporte un véritable petit plus au niveau du très bon jeu du casting.
Partant, si l'on devait se limiter à cela, le film serait très bon et flirterait avec l'excellence, ce qui serait étonnant compte tenu de l'étiquette Disney qui lui est accolée - franchise connue pour massacrer tout ce qu'elle touche du doigt - .
Or, c'est là que se niche le réel regret au sortir du visionnage. Même si le résultat est plus que satisfaisant, de perfection, il n'y a point.
Si la difficile relation entre Ouimet et son père est abordée, on ne peut que regretter qu'elle ne soit pas davantage traitée en profondeur, en ce qu'elle aurait pu servir de terreau fertile au développement du personnage et à l'épanouissement final de celui-ci. Au contraire, sur ce point, la résolution intervient de manière quasi-gratuite sans même voir auparavant un semblant d'évolution dans la relation père-fils qui permettrait de comprendre ce happy end.
Dans le même temps, même si la manière de filmer est assez intéressante sur bien des aspects, on ne pourra que regretter certaines scènes découpées à la hache qui ne rendent pas hommage à la beauté de ce sport qu'est le golf. Ce biopic date du début des années 2000 et, de fait, il me semble que le spectateur aurait mérité un rendu davantage qualitatif au niveau des scènes de jeu.
Au final, et malgré les quelques points noirs de ce film, ce biopic golfique apparaît comme l'un des meilleurs traitant de ce sujet. Dans le même ordre d'idées, le très bon La Légende de Bagger Vance avec Matt Damon, Charlize Theron et Will Smith dans les rôles principaux est à voir pour tout fan de la petite balle blanche.