Premier Biopic de l’année 2025 à visionner dans nos salles de cinéma (même si il est sorti fin 2024). Timothée Chalamet se retrouve à devoir jouer la grande star, Bob Dylan, sous la réalisation de James Mangold qui a déjà bien fait ses preuves malgré quelques petits ratés involontaires (n’est pas Indy 5 ?) Ayant déjà réalisé un biopic en 2019 (Le Mans 66), James Mangold avait déjà des notions sur le genre et pas de quoi réellement nous inquiéter. A t-il réussi à nous faire un nouveau biopic de bonne facture ? Et bien oui. En toute honnêteté, c’est le genre de biopic qui donne envie de s’intéresser plus à l’artiste en lui-même après avoir découvert les grandes lignes de son histoire à travers ce long-métrage.
Attention, n’étant pas un connaisseur du véritable Bob Dylan, il ne sera pas dit si ce long-métrage a respecté son histoire et sa vie dans ce biopic.
Positif
- Bob Dylan (Timothée Chalamet) est un jeune chanteur avec un véritable talent qui cherche à faire connaître et à partager sa musique, notamment avec l’aide de grosses productions et de personnes qu’il admire. Il faut reconnaître qu’il fait un protagoniste assez intéressant à suivre dans son parcours, comment arriver au sommet puis la manière dont ça le transforme avec ses envies. On ne s’attache plus forcément à lui au bout d’un moment mais il reste intéressant à suivre.
- Pete Seeger (Edward Norton) est un chanteur folk assez connu pour sa personnalité et ses envies particuliers avec sa musique mais c’est intéressant. Avoir un personnage dans son style avec des objectifs simples mais affectueux le rendent assez intéressant. En le voyant agir ainsi avec autant de bienveillance et de gentillesse, on peut comprendre pourquoi Bobby l’admire.
- Joan Baes (Monica Barbaro) est une autre chanteuse Folk un peu réputée dans le milieu de la musique mais qui refuse toujours de signer avec des productions, ce qui peut se comprendre. Elle préfère rester attachée à sa musique que de changer pour s’adapter aux tendances. De plus, elle est une bien meilleure love interest pour Bob par rapport à leurs points communs dans la musique et ce que ça leur fait.
- Johnny Cash (Boyd Holbrook) est un peu considéré comme un rival de Bob. Ce n’est pas un homme détestable mais il a son style et sa manière d’être tout en respectant Bob. Pour un rival, il est bon joueur et arrive à dire ce qu’il faut à Bob.
- Woody Guthrie (Scoot McNairy) est un patient d’un hôpital psychatrique qui reçoit souvent la visite de Pete qu’il apprécie beaucoup et de Bob dont il est le premier spectateur. Malgré qu’il n’arrive pas à s’exprimer et à bouger, il arrive tout de même à se faire comprendre et à nous faire un peu réagir. Et comme il s’agit du tout premier spectateur de Bob, il a une place particulière pour lui (même si on ne le voit pas tant que ça).
- Albert Grossman (Dan Fogler) est le manager de Bob, c’est un producteur qui veille à son confort avant tout afin de se faire le plus d’argent possible. On voit qu’il ne pense qu’à son intérêt, mais ça se comprend vu qu’il sait la poule aux œufs d’or qu’il a sous les mains.
- On a quelques relations qui se développent ici. Par exemple, une un peu mise de coté mais qui aurait pu être intéressante est celle entre Bob et Pete. Pete étant un chanteur que Bob admire et Bob changeant beaucoup avec le succès, ça aurait pu être plus intéressant de mettre leur relation amicale un peu plus en avant, plutôt que de limiter ça à un simple désaccord plus tard et Pete qui laisse tout passer avec lui (même si ça reste intéressant). Sinon, on a surtout la relation Bob et Joan qui marche beaucoup mieux que celle entre Bob et Sylvie. Joan étant aussi une chanteuse de musique folk comme lui et ayant plus de points communs à partager (dont des duos très sympathiques à entendre), c’est intéressant de voir une relation se développer entre eux jusqu’à ce que ça change avec Bob et sa musique en permanence.
- Le long-métrage démarre par l’arrivée de Bobby en ville à la recherche de Pete Seeger pour qui il a l’air d’avoir une petite admiration. C’est une introduction intéressante pour nous montrer le personnage central et de nous donner envie de savoir ce qu’il fait là et comment il en est arrivé là, un « parfait inconnu » pour les spectateurs au début.
- En terme d’évolutions, on en a pas tant que ça. Celui qui évolue le plus est Bob avec le succès qui lui monte à la tête avec ses envies d’innover, quitte à trahir le genre de musique que tout le monde aime. Sinon, on a Joan qui évolue en découvrant le vrai Bob Dylan ou quelques personnes qui ont fréquenté celui-ci.
- Question jeu d’acteur, ça va. Même si Timothée semble avoir un petit peu de mal dans le premier acte, il se rattrape très vite avec le reste du long-métrage. Et mention spéciale à Elle Fanning qui était nulle en Aurore dans Maléfique mais qui s’en sort bien mieux ici. Sinon, le reste du casting s’en sort bien également.
- En terme de symbolisme, on a quelques éléments intéressants comme la musique et le succès pour Bob (plus important), la musique pour Bobby et ses objectifs avec, ou même pour Joan ainsi que Bob pour elle. En tout cas, on a réellement du symbolisme intéressant à travers ce long-métrage.
- Les costumes sont simples mais fonctionnent. En plus de bien faire années 60, ils définissent bien chacun des personnages, Bob entre son arrivée en inconnu et son ascension en tant que star montante, Pete pour sa tenue simple lié à son envie de faire découvrir sa musique simplement…
- Les musiques / thèmes sont moins marquantes que les chansons en elles-mêmes mais elles ne sont pas mal malgré tout. Elles fonctionnent avec ce qui se passe à l’image au moins, dommage qu’elles fassent plus ombre des chansons.
- Rien à redire sur la mise en scène très bien maîtrisée. Il y a de réels plans à analyser dans une mise en scène bien soignée dans son ensemble, un vrai régal à savourer. James Mangold a toujours réussi à gérer sa mise en scène aussi.
- Les chansons sont incroyables. Sincèrement, quelle que soit la chanson qu’on entend dans le long-métrage, on sent qu’elles son travaillées et elles donnent toutes envie de les réécouter en dehors du long-métrage.
- La retranscription dans les années 60 fonctionnent très bien. Que ce soit par le costume, les décors ou la photographie, on arrive réellement à croire que ce sont les années 60 qu’on voit sous nos yeux.
- La photographie est très réussie. C’est un détail mais la photographie est vraiment bien gérée dans la majorité des plans, comme dans la plupart des long-métrages de James Mangold.
- Le traitement des lumières est très joli dans certaines séquences en particulier. On sent que l’éclairage est soigné pour renforcer la mise en scène et la photographie, ce qui fonctionne très bien.
- Malgré qu’il y a quelques moments un peu prévisibles, il faut reconnaître qu’on arrive à être un peu surpris par certains petits moments, notamment dans le final et son déroulé.
- La fin est assez inattendue mais fonctionne bien. Sans spoiler, en voyant cette fin, on est un petit peu touché par ce qu’on voit et par la manière dont ça se conclut.
- Les décors sont très réussis dans l’ensemble. Chaque décor de ce long-métrage a été soigné pour nous offrir des lieux réellement convaincants, et ça marche.
Négatif
- Sylvie (Elle Fanning) est la petite-amie de Bobby, une jeune étudiante qui est tombée amoureuse de lui. Le souci, c’est qu’on ne comprend pas trop pourquoi Bobby s’accroche autant à elle et son intérêt dans l’histoire. Qu’il l’aime dans la première année d’accord mais pourquoi il insiste encore avec elle alors qu’elle est trop différente de lui ? Au pire, elle aurait été sa première spectatrice, ça aurait pu marcher en terme d’attachement entre les deux, mais non, c’est Joan qui a été la première à entendre Bobby chanter. C’est regrettable de la rendre aussi présente avec le troisième acte alors qu’elle n’a plus rien à apporter car ça fait qu’elle est un personnage sans grand intérêt.
- Un détail un petit peu perturbant mais pas dramatique est le taxi qui dépose Bobby à l’hôpital psychiatrique. Lorsque Bobby doit le régler, il lui donne très peu car il n’a pas grand-chose et le chauffeur part comme si de rien était après une légère remarque. Peut-être est-ce du au réel ou à d’autres chauffeurs de taxi dans pas mal de long-métrages avant lui mais c’est difficile de croire que le chauffeur aurait laissé Bobby partir comme ça. Enfin, ce n’est pas grave non plus, juste un détail un peu perturbant.
- On ne va pas se mentir, même sans connaître l’histoire de Bob Dylan, on sentait venir certains détails. Par exemple, on voit venir l’ascension de Bob et son changement pour briser certains codes, la fin de sa relation avec les femmes qu’ils rencontrent… C’est un détail mais ça se voit quand même un peu venir.
- En terme de tension, c’est difficile d’être convaincu. Alors non, ce n’est pas un long-métrage qui est censé nous faire ressentir de la tension mais comme certaines scènes essayent de nous faire avoir peur pour Bobby, on aurait pu avoir des moments de tension un peu plus réussis.
- En terme d’émotion, c’est raté aussi. Peut-être une scène qui fait un petit quelque chose vers la fin mais la majorité du temps, l’émotion ne fait rien pour les spectateurs.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Lors du final, Bob retourne voir Woody pour lui jouer une dernière chanson avant de lui dire adieu et repartir en moto. En vrai, sachant qu’il a été son tout premier spectateur et qu’il a vraiment aimé sa musique au point de vouloir la réentendre plusieurs fois à travers le long-métrage, c’est une belle conclusion. Surtout quand Bob l’avait un peu délaissé avec le succès qui lui était monté à la tête.
Le concert final avec le nouveau style musical de Bob ne semble pas convaincre le public, jusqu’à ce qu’il revienne pour chanter une vraie chanson Folk, ce que les spectateurs attendaient. En même temps, comme Bob veut imposer sa nouvelle musique à un festival non adapté, on peut comprendre les réactions, heureusement que ce n’est pas parti en cacahuètes.
Lorsque Sylvie veut partir en voyant qu’elle n’a pas le même lien que Joan pendant son duo avec Bob (et ce malgré que celle-ci l’ait envoyé se faire voir), elle finit par rattraper le ferry et avoir une dernière discussion avec Bob avant qu’elle ne s’en aille pour de bon. Encore une fois, c’est difficile de comprendre pourquoi Bob tenait autant à elle (en plus de manquer d’émotion).
Au final, Un parfait inconnu est un long-métrage qui vaut le coup et qui finira même par donner envie de s’intéresser au véritable Bob Dylan et son histoire (même si ils doivent être peu à ne pas le connaître). On a des chansons excellentes, une mise en scène très bien gérée avec des personnages intéressants, des évolutions qui valent le détour, des relations intéressantes entre certaines personnages et un jeu d’acteur assez qualitatif. Après, il est vrai que Sylvie est beaucoup moins intéressante que les autres, que certains éléments sont prévisibles et que ça manque un peu d’émotion. Malgré ses défauts, c’est réellement un biopic très intéressant qui vaut le détour au cinéma. Après, ce n’est probablement pas fidèle à 100 % à l’histoire de Bob Dylan mais ce qui nous est proposé est tout de même de bonne facture.