Chaque documentaire ou film a ses biais, ses a priori.
Celui de David Dufresne n'y échappe pas.
Et sans doute que ma critique, aussi ^^
Charge à chacun de reconstruire sa vérité et de ne pas se la laisser dicter.
Un pays qui se tient sage pose le débat de l'usage de la force et de la violence :
- par le pouvoir en place à l'époque des manifestations des Gilets jaunes,
- par la police.
La principale limite du documentaire est d'occulter l'usage de la force et de la violence :
- par les gilets jaunes eux-mêmes
- par les gredins qui ne sont venus que pour taper du flic, casser ou voler.
Au registre des griefs vis à vis du film, on pourra également citer :
- le biais de la raison : les intervenants ont un positionnement politique similaire (de notoriété publique), ce qui limite l'ouverture du débat,
- le biais de l'émotion : les images et chiffres sont focalisées sur les manifestants victimes des violences. En oubliant globalement de rapporter les images et chiffres des victimes côté police ou de tout bord (commerces, institutions, incendies de domicile...).
Ces 3 remarques faites, ce type de documentaire est indispensable pour toute démocratie qui se respecte.
Le film a de nombreux apports instructifs :
- en terme d'histoire.
Apprendre que la Police nationale a été fondée sous Vichy (1941) a de quoi interroger sur sa dépendance au pouvoir. Son objectif n'est-elle pas de défendre les citoyens plus que les institutions en place ?
De surcroit, cette organisation est une spécificité française. Est-ce pertinent ?
- en terme philosophique.
La citation de Max Weber a de quoi faire méditer. "L'Etat a le monopole de l'usage de la violence". Pourquoi ?
On peut comprendre que l'usage des armes soit limité à la police ou l'armée. Pour peu que ces 2 corps institutionnels soient aux services des citoyens... Dans le cas contraire, l'usage de la violence par le peuple lors d'une révolution n'est-elle pas légitime ?
En conséquence, qu'est-ce qui fonde et qui octroie la légitimité de la violence ?
- en terme géopolitique.
Quand des corps externes à la République française (The Economist, l'ONU, des ONG...) estiment qu'il y a un recul de la démocratie depuis quelques années, cela doit interroger.
Pour autant, gardons un œil avisé en fonction d'où vient la remarque (Russie, Chili...).
- en terme médiatique.
Relire Guy Debord permet de prendre du recul sur le traitement des manifestations des Gilets jaunes par les médias... mais aussi la manière dont la symétrie s'installe pour instaurer un contrepouvoir (les films des Gilets jaunes eux-mêmes, des journalistes ou de simples citoyens).
Bref un documentaire polémique par certains aspects.
Mais dont les ouvertures sont pertinentes que l'on soit pour ou contre l'usage de la violence par les Forces de l'ordre.
En guise de conclusion l'affirmation (par l'une des intervenantes phares du documentaire) que "La démocratie implique le dissensus" résume à elle-seule la limite et l'intérêt du documentaire.
Je corrigerai ainsi en forme d'hommage aux révolutionnaires qui ont rédigé les Droits de l'Homme et du Citoyen et le Contrat social :
"La démocratie implique le dissensus et nécessite le consensus".