D'emblée, le plot est plaisant : deux voisins qui, à travers de fines cloisons, vont, tout d'abord apprendre à s'apprivoiser, pour finalement faire connaissance : un inventeur ayant besoin de silence, et une pianiste. Une idée simpliste qui a pourtant était brillamment été exploitée par Clovis Cornillac malgré quelques "couacs" qui empêche ce film de grappiller de meilleures notes.


A mon humble avis, Clovis Cornillac a du faire face, pour son premier film, à la nécessité de faire des entrées au cinéma tout en portant ce projet personnel qui lui tenait à cœur.
C'est peut être pour cette raison que le film n'est pas aussi excellent qu'il pourrait l'être ; freiné par le manque de subtilité et la lourdeur de certaines scènes malgré l'idée, et la profondeur du film.
Clovis Cornillac est à la recherche de son public.
Des scènes prévisibles, notamment la scène finale, ponctué par des moments maladroit, comme celles des pigeons, qui ne font qu'ôter la volonté de subtilité et d'intelligence du film. Cette volonté est encore plus abîmée par la légèreté des personnages qui frisent le cliché. De plus, ne nous mentons pas, si le personne de Clovis Cornillac ressemblait à un frère Bogdanov, je ne pense pas que le film se terminerait sur cette même note (même si on essaie de nous le faire croire avec Artus et Charlotte.)


Toutefois, j'ai été conquise par ce premier film de Clovis Cornillac ; la réalisation est bonne et certains acteurs m'ont charmés comme Philippe Duquesne dans le rôle d'Artus.
Il souligne, au delà des relations amoureuses, la complexité des relations humaines, autrui dans la construction de notre "je".
Sartre considérait que "L'Enfer c'est les autres", pour lui, le regard de l'autre est pesant, puisqu'il nous forge à son image. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tous les principaux acteurs ont des yeux magnifiques, presque déstabilisant pour certains. Mais Levinas avait une vision bien moins noire puisqu'il pensait que "Le visage d’autrui est dénué ; c’est le pauvre pour lequel je peux tout et à qui je dois tout."
Le film de Cornillac explique que, même si le regard de l'autre nous aliène, il est nécessaire (encore plus dans les relations amoureuses) Ainsi, même s'il est plus facile d'éviter le regard de l'autre, il est inévitable, et n'est pas forcement de mauvaise augure pour l'autre, il nous construit.


Cette réflexion est, à mon sens, mise en relief par la technologie moderne, que le personne de Clovis Cornillac ne cesse d'accabler. Internet est pourtant l’outil qui permet d'éviter ce regard qui devient si lourd dans notre société et que Clovis Cornillac tente d'éviter à tout prix.


En bref, c'est un bon film, vraiment, léger et intéressant. J'ai donc été très déçue d'avoir été seule dans la salle avec ma sœur ainée, alors que des merdasses comme "Bienvenue chez les Ch'tis" font salles combles.

Winston
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le 30 mai 2015

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Winston

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