Hank vit une vie normale comme épicier, avec sa femme Sarah, bibliothécaire qui va bientôt avoir un enfant. Il a un frère un peu attardé mais touchant, Jacob, qui traîne avec Lou, un autre loser chômeur, un gros vulgos qui picole. Le jour de l'an, en rentrant d'une visite à la tombe du père, à la poursuite d'un renard, ils tombent sur une carcasse d'avion. Dedans, 4 400 millions $. Pensant qu'il doit s'agir d'argent de la drogue, les deux losers veulent le partager, mais Hank propose de le garder jusqu'au printemps, en attendant qu'on trouve la carcasse. Il commet l'erreur d'en parler à Sarah, qui se révèle une intrigante de première.
Elle envoie Hank remettre un peu d'argent dans l'avion, mais Jacob, paniqué, tue un témoin, Stephanson, un vieux en motoneige, dont il faut maquiller la mort en accident. La fille d'Hank naît, mais comme Lou sait pour l'assassinat, Sarah pousse Hank à manipuler Jacob pour forcer son ami à avouer qu'il a tué Stephanson. ça marche, mais Lou réagit en sortant son fusil, et dans l'excitation, Jacob tue son pote. Arrive son épouse, que Hank tue, puis il appelle Carl, le shériff, après avoir encore maquillé les faits.
Arrive un agent du FBI, qui demande à Carl et Hank de le conduire près de la réserve. Mais Sarah a vu clair : l'argent venait d'une rançon, et le soi-disant agent est le kidnappeur qui a survécu et revient chercher l'argent. Une nouvelle fois, Hank arrive à faire s'entretuer tout le monde et maquiller le tout. Mais Jacob, miné d'avoir perdu son ami, et qui se raccrochait au rêve de racheter la ferme de son père, décide qu'il n'en peut plus. Il demande à son frère de le tuer, par pitié, car la culpabilité est trop forte. Hank le fait. De retour, il apprend des agents qu'un billet sur 10 a son numéro répertorié. Il revient chez lui et brûle l'argent maudit.
Le rêve américain et la tentation de prendre un raccourci. C'est l'histoire d'un homme qui perd tout, en misant sur la façade de respectabilité qu'il a acquise pour essayer de garder pour lui un argent tombé du ciel. C'est l'histoire de deux frères, dont l'un a fait des études et a pu obtenir un travail, tandis que le second restait auprès d'un père endetté, qui décide finalement de se suicider pour que la police d'assurance revienne à ses enfants. Avec un très beau personnage que celui de Jacob, qui derrière toutes ses erreurs et ses imperfections cache une nature désintéressée qui le désigne dès le départ comme une victime. Autre personnage marquant, Sarah, la petite blonde jeune maman fragile dont on un demi-siècle de cinéma américain au moins nous a appris qu'elles sont toujours du côté du bien, et qui se révèle l'agent de destruction de cette famille, à toujours trouver les mauvaises raisons qui vont déboucher sur un dénouement tragique.
A pousser vraiment l'analyse, on a d'ailleurs le droit de penser qu'elle calculait peut-être que son mari y resterait...
Et Sam Raimi, me direz-vous ? Sa réalisation est ici plutôt en retrait, puisqu'on est dans une veine de réalisme sec (le film fait penser à Fargo). Restent les corbeaux menaçants et les branches d'arbres dénudées qui surplombent d'un air menaçant les protagonistes vus en plongée. Autrement, rien de remarquable. Le film a un tempo vraiment très étiré, ce qui est étonnant pour le réalisateur des Evil Dead ou de Mort sur le grill. Et c'est vraiment une question de tempo, et non de rythme : aucune scène n'est superflue, c'est juste qu'elles sont traitées avec des plans qui durent à chaque fois un tout petit peu plus que ce à quoi on s'attendrait. Comme si Raimi se faisait violence à lui-même, en essayant d'aller contre sa nature ?
Ha, et la musique de Danny Elfman est complétement passe-partout et fait plutôt du tort au film tant elle est téléphonée.
C'est un film émouvant, réaliste et lent, qui change du Sam Raimi exubérant et déjanté habituel.