Toutes les œuvres de Charlie Chaplin sont bâties à partir des composantes d’une critique sociale. Ici c’est notamment le maccarthisme qui est en jeu ainsi que la perversité des médias. Des sujets qui ont touché de près le légendaire cinéaste au point de l’amener à couper les ponts avec la société américaine. Ce n’est pas l’intérêt du contenu qui fait défaut dans Un roi à New York, mais la mixité des genres. Chaplin y trimbale quelques tics de son personnage de Charlot créé à l’ère du muet et cela détonne avec la facture plus moderne. Plusieurs mises en situation, qui auraient probablement été hilarantes en pantomime, perdent leur effet comique dans une dynamique de jeu plus réaliste et moins distancié. La séquence en cour qui montre Shadov en train de viser les membres du tribunal avec un boyau d’arrosage est lourde de sens et drôle en soi, mais dans l’univers où il est plongé, le spectateur se demande davantage qu’est-ce le réalisateur a bien pu fumer pour imaginer une telle scène. Comme si le clownesque y laissait de sa pertinence et de se son percutant en se trompant d’adresse. Il faut dire que la faiblesse du montage ne contribue pas à donner du rythme à l’histoire et du punch aux gags. En revoyant ce film 60 ans plus tard, on applaudit le message et le caractère dénonciateur de Chaplin que le temps n’avait pas réussi à modérer. On se lève de notre siège avec le désir de revoir ses chefs-d’œuvre et en réalisant à quel point le monde du troisième millénaire le manque royalement.