Des fois, il n'est pas forcément de bon de revoir des titres dont on gardait un très beau souvenir. Vous l'aurez compris : c'est (légèrement) le cas de ce « Roi sans divertissement » qui, s'il garde de grandes qualités, notamment plastiques, n'a pas été tout à fait à la hauteur de mes (nouvelles) espérances. Certes, à l'image de l'introduction ou de la ballade de Jacques Brel intervenant au début et à la fin, on sent que François Leterrier cherche à signer une œuvre hors du temps, exploitant à merveille ses décors enneigés et entretenant un vrai mystère autour de ces disparitions d'enfants. L'occasion, également, d'une réflexion assez complexe sur la nature humaine et surtout ce qu'elle a de plus sombre.
Cela écrit, moi qui me souvenais d'une mise en abyme assez poussée et d'un récit soutenu, je constate que ma mémoire me joue quelques tours. Assez lente sans être proprement ennuyeuse, l'œuvre dispose d'une vraie singularité, peut compter sur la présence de l'immense Charles Vanel (Claude Giraud et surtout Colette Renard sont bons mais moins marquants), à défaut de captiver par une histoire manquant de densité.
Quant au dénouement, si je trouve la réflexion très intéressante (à ce titre, la « traque » de l'assassin est magnifiquement filmée), cette « transformation » est quand même bien soudaine et difficile à croire... Après, c'est un titre à part dans le paysage cinématographique français. Les rencontres entre Jean Giono et le septième art ont été peu nombreuses, et même si je reste plus dubitatif qu'au premier visionnage, un tel auteur aurait sûrement mérité une place plus importante sur grand écran. Intrigant.