Le père de Fang Gang se sacrifie pour sauver son maître Qi. Ce dernier fait la promesse de s'occuper du fils de son domestique. Il le prend en disciple, et Fang Gang se retrouve être le plus doué de l'école. Ses condisciples sont jaloux de lui et du traitement de faveur que le maître lui accorde. Ils vont ainsi lui tendre un piège et la fille du maître lui tranche involontairement le bras droit. Fang Gang est recueilli et soigné par une paysanne qui détient un manuel de sabre pour gaucher. Dans le même temps, le Démon au fouet, un ancien rival de maître Qi, décide de profiter de la fête organisée par ce dernier pour éliminer tous ses disciples. Le Démon a fabriqué une arme qui permet de neutraliser l'art du sabre des Qi. Fang Gang, qui a appris à utiliser son bras gauche, devient le dernier espoir de l'école Qi.
Grand classique de la Shaw et du wuxia, Un Seul bras les tua tous est le premier volet de la trilogie du Sabreur manchot, ou du moins la première partie du diptyque avec Jimmy Wang Yu dans le rôle principal, avant son départ pour le studio ennemi Golden Harvest, le troisième film n'étant qu'un reboot avec David Chiang. Il faut avoir à l'esprit que Jimmy Wang Yu est la première star du cinéma de kung fu, et cela malgré sa mono-expression du visage. Cependant, ce manque d'expression colle bien au personnage. Contrairement aux autres productions Shaw de l'époque, qui mettent en scène des héros "parfaits", très forts au combat, à qui tout réussit, le sabreur manchot est un personnage torturé, qui n'a jamais été accepté par ses condisciples de par ses origines modestes. La perte de son bras va réduire à néant ses ambitions de devenir un grand maître, et c'est malgré lui, pour défendre ceux qui comptent pour lui, qu'il va se remettre aux arts martiaux. Il va même finir par choisir la paysanne au détriment de la fille de son maître, preuve de la fin de ses rêves. Réalisé par Chang Cheh, dont on reconnaît l'esthétique violente et sanguinolante, le film bénéficie des décors magiques du studio, avec la magnifique scène de la perte du bras, qui se passe dans une forêt enneigée et qui se finit sur un pont qui traverse une rivière. Le scénario est assez complet, les auteurs ne se contentent pas d'une simple histoire de vengeance, mais d'un élève humilié qui est prêt à mettre de côté son amertume pour aller sauver son école. L'idée de l'arme permettant de neutraliser un style de combat au sabre est très intéressante et met l'accent sur les styles de combat des écoles qui ne sont pas figés et qui évoluent après chaque combat.
Il s'agit pour moi de l'un des meilleurs films de la SB, et en tout cas c'est le film qui m'a vraiment ouvert au wu xia pian.