Sortie de nulle part en 2006, la « suite » DTV (direct to video) du sympathique Undisputed de Walter Hill a été propulsée au rang de film culte auprès des amateurs d’actionners à l’ancienne. Idem pour sa séquelle sortie en 2010 et qui a achevé de transformer le taulard Ukrainien Yuri Boyka en icône badass (le personnage a cinq millions de fans sur Facebook soit plus que la plupart des protagonistes de Game of Thrones !).
La recette de ce succès réside d’abord dans l’anachronisme de la franchise qui revendique fièrement son ADN de série B de castagne dans la plus pure tradition des Bloodsport et autres Full Contact (Van Damme a d’ailleurs adoubé Scott Adkins comme son héritier et ce dernier est de très loin le meilleur artiste martial occidental en activité) avec ce que cela comporte de clichés et de beaufitude. Néanmoins, l’élément qui fonde le succès de la série est l’implication desacteurs et du réalisateur, l’israélien Isaac Florentine qui ont presque tous en commun d’être des cascadeurs émérites et des spécialistes en arts martiaux. Ainsi, à l’instar de David Leitch et de Chad Stahelski, les metteurs en scène de John Wick, Florentine exècre les standards formels actuels du cinéma d’action hollywoodien et privilégie un maximum la lisibilité de l’action, magnifiant ainsi des chorégraphies à la fois brutales et élégantes à base d’arabesques aériennes et de techniques de free fight !
Forcément, le remplacement du metteur en scène fétiche de la saga par un obscur assistant réalisateur bulgare laissait craindre le pire mais fort heureusement, Florentine a conservé le poste de producteur et a imposé son cahier des charges à Todor Chapkanov. De fait, les fans seront heureux de constater que la réalisation a toujours autant de gueule et que les chorégraphies de Tim Man n’ont rien à envier à celles de ses prédécesseurs : Boyka est toujours capable de coucher 4 bonhommes sans que ses pieds ne touchent le sol et c’est tant mieux !
Le cachet délicieusement bis de la série est toujours présent grâce à un production design ultra-fauché et au cabotinage des interprètes avec bien sûr Adkins et son accent russe sorti de Rambo 3 (c’est lui qui le dit !) et surtout l’inénarrable Alon Aboutboul juste hilarant en bad guy straight from the 90’s.
Bref c’est toujours aussi fun et jouissif et le seul bémol réside dans la structure narrative (oui ! oui !) du bousin. Ainsi, si les prétentions dramatiques et introspectives de l’histoire font sourire (Boyka cherche la rédemption, demande l’aide du seigneur et comme Jésus, il distribue les pains !), on regrette surtout l’absence du côté « film de tournoi » du précédent opus et l’absence d’opposition réelle pour le personnage principal. En effet, les frenchies Brahim Achabbakhe et Emilien de Falco sont des brutasses mais ils manquent cruellement de charisme comparé à des animaux comme Marko Zaror ou Michael Jai White. Heureusement que l’apparition de Martyn Ford, Bodybuilder Anglais de 2.03-145 kilos dont le jeu se résume à Rhaaaaaaaa, GRRRR, Hmmmmmm, dans le rôle du boss final fait monter le taux de testostérone même si on regrette son faible temps de présence à l’écran.
Un chouia moins bien que les précédents donc mais ça reste badass comme il faut et ça vaut toujours mieux que 90 % des actionners ricains récents alors que c’est réalisé avec le budget PQ d’un Jason Bourne…
En espérant que ça marchera assez pour que cette sympathique franchise accouche d’une cinquième itération…