Sorti en 1968, Coogan's Bluff marque la première collaboration entre la star Clint Eastwood et le cinéaste Don Siegel, qui se retrouveront un an plus tard pour les besoins de Sierra Torride.
Mêlant les atours du polar urbain à un certain humour décalé, Coogan's Bluff est surtout la confrontation entre deux mondes, entre deux modes de vie bien différents. D'un côté, un shérif adjoint tout droit sorti du fin fond de son Arizona, aux méthodes expéditives et aux manières old school. De l'autre, la ville de New-York, tout en modernité et en pleine révolution sexuelle et sociale, avec ses camés, ses filles faciles et son administration permissive.
Une rencontre forcément explosive et parfois amusante (la scène dans la boîte de nuit psychédélique), pas totalement désagréable à suivre, mais qui souffre malheureusement d'un trait extrêmement caricatural. Si le scénariste Herman Miller semble prendre un malin plaisir à tourner en dérision le machisme de son héros, sa description des grandes villes de l'époque (et surtout de sa faune) paraîtra aujourd'hui limite douteuse, presque réactionnaire, comme si finalement, Coogan's Bluff était nostalgique d'une période où chacun restait bien sagement dans le rang.
Maladroit dans son propos et pas toujours palpitant, Don Siegel ne se montrant réellement motivé que lorsqu'il filme de grandes étendues arides, Coogan's Bluff reste un passage fort intéressant dans la carrière de Clint Eastwood. Trois ans avant le mythique Dirty Harry qu'il tournera sous la direction de Siegel, le célèbre cow-boy mutique semble doucement mais sûrement évoluer, annonçant sa mutation en flic coriace et violent.
Cette première collaboration entre deux géants d'Hollywood reste donc à voir davantage pour la place qu'elle tient dans la carrière de sa star que pour ses réelles qualités cinématographiques, même si Coogan's Bluff se laisse regarder sans déplaisir aucun.