Un singe en hiver par UnSingeEnHiver
-Ton client là, Fouquet. Ton espagnol. Douze verres cassés ça te dis rien?
- Monsieur. Primo, voila quinze ans que je vous interdis de me parler. deuxio, si vous ne vouliez pas qu'il boive, c'est simple, vous n'aviez qu'a pas le servir.
- Alors là monsieur, je vous retorque que, primo, je l'ai viré. deuxio, les ivrognes y'en a assez dans le pays sans que vous les fassiez venir de Paris.
- Un ivrogne?
- Ah ben oui ! Un peu ! Même le père Bardasse qui boit quatorze pastis par jour n'en revenait pas !
- Ah parce que tu mélanges tout ça, toi ! Mon espagnol, comme tu dis, et le père Bardasse. Les Grands Ducs et les bois-sans-soif.
- Les grands ducs?!
- Oui monsieur, les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps et qu'on toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients et toi, ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs. Ils sont à cent mille verres de vous. Eux, ils tutoient les anges !
- Excuse-moi mais nous autres, on est encore capable de tenir le litre sans se prendre pour Dieu le Père.
- Mais c'est bien ce que je vous reproche. Vous avez le vin petit et la cuite mesquine. Dans le fond vous méritez pas de boire. Tu t'demandes pourquoi y picole l'espagnol ? C'est pour essayer d'oublier des pignoufs comme vous.
(Jean Gabin et Paul Frankeur)
Si je buvais moins, je serais un autre homme, et j'y tiens pas !
(Jean Gabin)
Écoute, ma bonne Suzanne, t'es une épouse modèle.
Suzanne : Mof !
Mais si, t'as que des qualités. Et physiquement, t'es restée comme je pouvais l'espérer. C'est le bonheur rangé dans une armoire. Et tu vois, même si c'était à refaire, et bien je crois que je t'épouserais de nouveau. Mais tu m'emmerdes.
Albert !!!
Tu m'emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour ! Mais tu m'emmerdes !
(Suzanne Flon, Jean Gabin)
Monsieur Esnault, si la connerie n'est pas remboursée par les assurances sociales, vous finirez sur la paille !
(Jean-Paul Belmondo)
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Un singe en hiver (1962), Dialogues de Michel Audiard