C'est une très belle rencontre le temps d'un film que l'on vit comme une récré. Les dialogues d'Audiard toujours aussi drolatiques (dont je n'avais profité jusqu'à maintenant que dans Les tontons flingueurs), incarnés avec fort talent par le vieux Gabin face au jeune Belmondo.
Gabin campe un rôle parfaitement à sa mesure, il a une présence impressionnante à l'écran. Belmondo n'est pas en reste, offrant une prestation moins imposante et plus cabotine face à ce monstre de cinéma, mais tout aussi intéressante et jolie.
On peut dire que Belmondo joue en quelque sorte le rôle de Gabin en plus jeune, perdu dans ses souvenirs de voyages, seulement pas du même pays. D'ailleurs on voit bien que le personnage de Gabin lui-même s'en rend compte, s'il défend contre tous ce jeune qui boit sans modération jusqu'à se retrouver à reconstituer une corrida en pleine rue, c'est bien qu'il se retrouve en lui et essaie forcément de lui venir en aide.
Le film est une petite récré dans deux vies différentes représentée parfaitement par le fait en quelque sorte par les similitudes entre le début et la fin, les deux compères qui se soûlent dans le même bar (même si Gabin change de compère entre le début et la fin), et cette scène de beuverie se terminant invariablement par des explosions, bien qu'évidemment celles de la fin soient absolument plus joyeuses qu'au début, montrant bien que cette histoire l'a été aussi.
Bien que l'image se termine de façon un tant soit peu mélancolique pour Gabin, Belmondo vogue lui vers de nouvelles aventures, moins grandiloquentes mais tout aussi importantes.
C'est un beau moment de vie, de folie, de cinéma, porté par deux acteurs de générations bien différentes mais fonctionnant si bien ensemble.