Vu... Un singe en hiver, sorti en 1962, réalisé par Henri Verneuil, avec deux monstres sacrés du cinéma français : "Le vieux", Gabin et le jeune, Belmondo. Adapté du roman d’Antoine Blondin, ce film navigue entre mélancolie, camaraderie et ivresse poétique.
D’un côté, Gabin incarne Albert Quentin, un ancien marin repenti de la bouteille, rangé derrière le comptoir de son hôtel Normand. De l’autre, Belmondo joue Gabriel Fouquet, un jeune homme en proie à ses démons, qui noie ses démons dans l’alcool et les rêves d’un ailleurs enflammé. Leur rencontre ? Un feu d’artifice de dialogues ciselés, signés Monsieur Michel Audiard, qui oscillent entre tendresse et coups de gueule ou humour et nostalgie.
Derrière Albert Quentin, il y a Suzanne, interprétée par une remarquable Suzanne Flon. Femme aimante et patiente, elle incarne la boussole qui maintient son mari à flot, celle qui l’a vu renoncer à ses folies pour une vie plus stable. Son regard qui observe, inquiète, cet ancien démon ressurgir à l’arrivée de Gabriel, oscille entre bienveillance et résignation. Elle incarne la lucidité face aux errances masculines, un contrepoids silencieux mais puissant aux rêveries alcoolisées des deux hommes.
La magie du film repose avant tout sur cette alchimie entre les deux acteurs. Gabin, tout en retenue et en sagesse bourrue, contraste à merveille avec la fougue et la désinvolture de Belmondo. Chaque scène est un régal, portée par une mise en scène sobre mais élégante, qui laisse toute la place aux mots et aux émotions.
Si Un singe en hiver est un film sur l’ivresse, ce n’est pas celle que l’on croit. Il parle moins d’alcool que de souvenirs, d’évasions manquées et de rêves avortés. Il y a une tristesse sous-jacente, une beauté douce-amère qui en fait une œuvre intemporelle, à la fois drôle et bouleversante.