Ce n'est un secret pour personne, j'avoue avoir énormément de mal avec le cinéma français, encore maintenant. Pourtant, j'avais quand même mis dans un petit coin de ma tête que Un singe en hiver valait certainement la peine d'être vu.
Pour son casting tout d'abord, composé d'un formidable duo. D'un côté le bon vieux Gabin et de l'autre le jeune Belmondo. Le premier est énorme. Les répliques qu'il lâche sont remarquables. La façon dont il les dit, la façon dont il joue. Il prend une place extraordinaire à l'écran mais en même temps tout semble naturel dans son jeu. Quel régal cela devait être de jouer avec un tel acteur. On aurait alors pu penser que notre ami Belmondo se fasse manger tout cru. Ce n'est pourtant point le cas. Il se débrouille et même mieux encore. L'alchimie prend facilement et nous offre un duo parfait.
Ensuite, il ne faudrait pas oublier de parler des dialogues d'Audiard, une fois de plus. L'inventivité du texte, le génie de ses répliques,... Impossible de ne pas aimer.
Par après, il y a l'histoire. Pleine d'émotion. C'est l'histoire de deux hommes en proie à des souvenirs douloureux. L'hôtelier Albert, joué par Gabin, se rappelle avec mélancolie ses voyages en Chine. L'ivresse qu'il prenait lors des voyages en mer a été remplacé par l'ivresse d'une bonne bouteille de vin. De l'autre, il y a Fouquet, jeune père, séparé, qui rêve de tauromachie et de redevenir un père pour sa fille. Mais il a peur. Il se réfugie dans l'alcool, alors qu'Albert a arrêté, pour sa femme. Deux hommes dont l'esprit est torturé. Mais il y a pourtant beaucoup d'humour dans cette oeuvre. Des signes de légèreté alors que derrière se cachent des malaises profonds. Albert a fait énormément de sacrifices pour son épouse. Il semble ne plus vivre. En faisant plaisir à sa femme, il a définitivement rompu avec sa personnalité. L'arrivée de Fouquet lui permet de retrouver un semblant de vie.
La fin est remarquable. Triste aussi. Si pour Fouquet, les choses s'arrangent, pour Albert, le vieil homme entra dans un long hiver, comme le dit si bien la phrase de conclusion. Elle résume parfaitement les choses. L'hôtelier va recommencer son errance. Il va de nouveau se renfermer avec sa femme, où il ne vivra plus qu'à travers es souvenirs. Une fin magnifique, vraiment. Le tout est mis en boîte de manière parfaite par Verneuil. Ce dernier aborde un de mes thèmes préférés au cinéma.
Probablement l'un des meilleurs films français qu'il m'ait été donné de voir. Certainement un chef-d'oeuvre.