Plutôt habitué aux comédies légères, le réalisateur Michel Boisrond signe ici un polar en huis-clos qui évoque les romans d'Agatha Christie : une grande demeure bourgeoise, une famille plus ou moins destructurée, des domestiques, un élément perturbateur venu de l'extérieur, un meurtre, et enfin l'arrivée d'un enquêteur pour mener les interrogatoires et démasquer le vrai coupable - qui sera bien entendu celui qu'on soupçonnait le moins.
Le genre de programme qui pourra sembler désespérément ennuyeux ou gentiment stimulant, selon les sensibilités. Ceux qui me lisent savent que je m'inscris dans la seconde catégorie, à condition que l'emballage soit un minimum attrayant.
Et dans ce domaine, je dois dire que la jeune israélienne Daliah Lavi - en maillot de bain translucide, jouant une attardée mentale, sadique et nymphomane - se pose là.
Surtout lorsque le casting féminin est complété par les françaises Martine Carol ("Caroline chérie") et Geneviève Grad (la future fille du gendarme Cruchot), dans le cadre toujours enchanteur de la french riviera.
La distribution masculine n'est pas en reste, avec des prestations convaincantes de la part de Galabru et Rellys (les deux régionaux de l'étape), de l'impeccable Jean Desailly, et même du jeune François Nocher, étonnant.
On restera plus circonspect devant celles de l'italien Annibale Ninchi, et surtout de Henri-Jacques Huet, un jeune premier pas franchement viril.
De manière plus générale, Michel Boisrond et sa compagne belge Annette Wadement (ancienne scénariste de Jacques Becker notamment) signent une intrigue intéressante, intelligemment ramassée sur une durée raisonnable (1H20), à la fois bien ficelée sur le terrain du polar (avec divers indices et fausses pistes) et abordant quelques thèmes de société pertinents, à commencer par l'avortement (nous sommes en 1961, près de 15 ans avant la loi Veil).
Dommage que le film semble hésiter sur la tonalité à adopter, entre comédie légère et drame familial. "Un soir à la plage" commence ainsi par un générique guilleret peu adapté, et Boisrond insère quelques séquences comiques aussi inutiles que pénibles, à l'image de la "noyade" du grand-père.