Des équilibres

Lorsqu'il est envoyé en centre de détention juvénile après avoir participé à une violente agression, un adolescent laisse derrière lui une famille en crise. Alors que ses parents tentent à leur manière de vivre avec ça, c'est son frère aîné, étudiant émérite et espoir de la famille, qui commet à son tour un acte irréparable.

Réalisateur majeur de la scène taïwanaise où il a remporté plusieurs prix durant sa carrière (avec notamment Un Soleil qui a remporté le prix du meilleur film à Taipei), Chung Mong-Hong reste néanmoins assez méconnu en Europe et ne soyez donc pas surpris si, comme moi, vous n'en aviez pas entendu parler auparavant (notons tout de même qu'il a une fois été sélectionné à Cannes dans Un Certain Regard).

C'est donc vierge de toute connaissance que je me suis dans le visionnage de ce film qui étrangement me faisait de l'oeil sur Netflix (je ne sais pas s'il y est en France, je vis actuellement en Equateur). Et j'y ai découvert un drame familial qui réussit l'exploit de jongler avec différentes émotions avec très peu de faux pas. Ses personnages sont fascinants et laissent transparaître un éventail d'émotions ; les remords d'un enfant devenu adulte, la quête d'espoir d'une mère, le désespoir silencieux d'un frère, la vengeance d'un ami et surtout l'amour d'un père étouffé par la colère et l'orgueil, qui craint d'avoir raté les opportunités d'accomplir son rôle de père.

Lentement, Chung dépeint les relations entre ses différents personnages sans chercher à se plonger dans le pathos mais en offrant des espaces pour que les émotions s'expriment naturellement, ce qui offre aux longueurs du film un véritable sens. A l'instar de ses personnages, on ressort du film le coeur lourd et amoindri, mais en gardant cette touche d'espoir et de bonheur.