Witness for the persecution
Je crois que je vous ai déjà parlé des chouettes co-productions franco-italiennes des années cinquante, et bien, en voilà un nouveau fleuron, noir comme une nuit parisienne.
Lorsque l'amant de sa femme parvient a se débarrasser de celle-ci de façon définitive et à ne pas être inquiété par la justice, Lino a beau être cocu, il n'est pas content pour autant, et il se ferait bien justice lui-même... Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si un témoin imprévu ne venait enrayer un plan parfaitement huilé...
L'histoire sort tout droit d'un Boileau-Narcejac, ce qui est plutôt bon signe, et Edouard Molinaro n'a pas encore jeté sa carrière aux orties dans des comédies de huitième zone, ce qui donne un résultat très convainquant pour ce petit film noir à la française, nerveux, nocturne et sans temps mort.
Le petit monde des taxis de nuit est absolument délicieux à suivre, les standardistes amoureuses sont mignonnes comme tout, les vieux briscards ont la tête de Robert Dalban et ça sent bon le café au lait du petit matin avant d'aller se coucher.
Le plus gros défaut du film, c'est que le grain de sable dans les rouages du joli plan de Ventura est interprété par Franco Fabrizi, sosie de Christophe Hondelatte, et par la même affligée d'une abominable tête à claques qui pourrait faire fuir les plus sensibles d'entre vous.
Mais, heureusement, personne ne regarde une andouille pareille quand le plus grand des acteurs français promène devant l'écran sa présence inimitable. Absolument magnifique, Lino Ventura nous emporte dans son équipée cauchemardesque et ne nous lâche qu'à la dernière seconde d'une course-poursuite dantesque maîtrisée de bout en bout.