Comme d'autres réalisateurs français avant lui (Jacques Becker, Claude Sautet...), Edouard Molinaro a commencé sa carrière par le polar. Adapté d'un roman de Boileau-Narcejac, "Un témoin dans la ville" constitue son troisième long-métrage, toujours dans cette veine policière.
On est amené à suivre la nuit mouvementée d'un brave type devenu meurtrier (Lino Ventura), à la poursuite du seul témoin de son crime (Franco Fabrizzi, co-production franco-italienne oblige).
Ce dernier exerce le métier de radio-taxi de nuit, ce qui permet à Molinaro de dépeindre avec tendresse cette profession et surtout le petit peuple parisien qui la pratique, avec une solidarité admirable.
"Un témoin dans la ville" s'avère donc un petit thriller bien agréable, avec quelques pics de tension bienvenus et de belles atmosphères nocturnes, soulignés par une mise en scène à la fois nerveuse et soignée.
Néanmoins, j'émets un bémol par rapport à toutes les excellentes critiques que j'ai pu lire, car je n'ai pas été séduit à ce point-là, et je m'étonne presque d'une telle unanimité.
En effet, le film est bâti autour d'un scénario minimaliste, avec pour seul enjeu de connaître l'issue de la traque du radio-taxi. Personnellement j'ai toujours eu du mal à me passionner pour ce genre de suspense réduit à leur plus simple expression.
D'autre part, le petit monde prolétaire des taxis apparaît certes sympathique, mais aussi désuet et plan-plan, avec ses amoureux un peu ringards et son comique troupier. De quoi engendrer un ventre mou longuet au cœur de cette petite bobine par ailleurs recommandable.