D'Aout 2014, la nomination de Manuel Valls comme premier ministre, à Janvier 2015, au moment des attentats contre Charlie Hebdo, Yves Jeuland a filmé l'intimité de la présidence de la République, avec cet art si subtil de se fondre totalement dans le décor, comme si personne ne voyait qu'il était filmé.
Je ne porte pas spécialement Hollande ni la classe politique dans mon cœur, mais c'est toujours fascinant de voir comment dirigent ces quelques hommes et femmes un pays comme le notre. On voit la préparation des discours, où l'écriture patte de mouche du président donne du fil à retordre aux correcteurs, l'évènement de la nomination d'un ministre alors méconnu, un certain Emmanuel Macron, les visites du Chef de l'Etat, les réunions... Jusqu'à plusieurs scènes qui m'ont plutôt frappé. D'une, le passage où Hollande apprend la parution d'un livre de son ex-compagne, Valérie Trierweiller, dont on le sent bouillir à la lecture du communiqué, et il donne ensuite le portable à un collaborateur d'un merci qui fait froid dans le dos. Ensuite, il y a une réunion de socialistes au sein même de l'Élysée, avec un Henri Emmanuelli très critique contre la politique de Hollande, et dès que ce dernier arrive dans la pièce, il change complètement son fusil d'épaule ! Et enfin, tout le passage sur ce fameux 07 Janvier 2015, avec une gestion de crise, où on voit les évènements se dérouler devant les communicants qui sont tous sous le choc.
Mais là où le documentaire aurait pu porter, plus que sur Hollande, ça serait sur le conseiller en communication, Gaspard Gantzer, qu'on voit sans arrêt aux côtés du Président, comme lors des entretiens ou des interventions télévisées. On dirait une sorte d'éminence grise, bien qu'il soit assez jeune, et qui contrôle ce que dit et fait Hollande. Son boulot n'a pas du être de tout repos durant ce temps, avec les remous privés et politiques du président.
Ce documentaire, diffusé à la télévision, est peut-être moins fort que Le président, qui concernait George Frêche, par la nature du personnage, mais montre bien à quel point le pouvoir peut rendre solitaire.