La solitude, voilà ce qui me parait définir l'exercice du pouvoir, à l'Elysée. François Hollande a fait preuve d'une certaine forme de courage en acceptant que les caméras le suivent plusieurs mois dans les dédales du palais du Faubourg Saint-Honoré car, bien souvent, on voit l'homme en proie avec les éléments, la pluie, mais aussi les tourments de la vie politique (les attentats de Charlie Hebdo), et sa vie personnelle (les révélations de Valérie Trierweiler).
Une scène, marquante, montre Hollande apprenant les déclarations de son ancienne compagne, dans sa voiture. On le voit, prostré, muet, lisant l'information, mu par une sourde et terrible colère et simplement dire "merci" à son conseiller pour l'information. L'humiliation est pourtant là, l'image du Président est égratignée, irrémédiablement. Deux attitudes alors s'affrontent : la honte que l'on ressent pour le président, plus que jamais faible et misérable, la pitié aussi, pour l'homme, vulnérable, comme tout à chacun.
Mais voilà, François Hollande n'est pas un homme comme un autre, il occupe une fonction aussi extraordinaire qu'aliénante, monarque en son palais dans les allées et les alcôves dorés de l'Elysée. On voit, derrière lui, toute l'équipe, toute l'intendance qui s'agite, à commencer par son conseiller en communication, à l'affut de la moindre information sur le président. On assiste aux défilés mondains des puissants de ce monde, lors de l'Attentat du 11 janvier, aux réunions ministérielles, aux paroles échangées, aux coups de téléphones, aux blagues de cabinets, chacun à sa place, chacun à son rôle, la cour royale est au grand complet.
Le documentaire, précieux à mon sens, nous montre donc les coulisses de la Grande Histoire, ce qui se passe dans l'ombre médiatique de notre président. La scène la plus touchante étant ce moment où François Hollande va dans la famille du policier assassiné le 11 janvier, dans un salon simple d'un petit appartement, et lui, le président, auréolé de son statut, modestement assis face à des français meurtris. Le reportage, bien sûr, fait des impasses, ne dit pas tout et bien entendu, montre ce qu'on a voulu bien montré mais il n'en demeure pas moins intéressant pour mieux connaitre ce qui est finalement essentiel : comment est-ce qu'on nous gouverne ?