Malgré son ambiance singulière qui doit beaucoup à une musique quasi lyrique totalement inattendue), « Un tigre parmi les singes » ne séduit pas totalement. Cette plongée dans les enfers du jeu et de l’endettement, de l’autodestruction par les cartes, vaut toutefois le coup d’œil pour sa mise en scène, empreinte d’un classicisme plutôt agréable à suivre, mais surtout percutante. De même, Toni Servillo, par son physique hallucinant, apparaît comme un choix évident pour interpréter le rôle principal d’un comptable, joueur compulsif, piégé par un vice qu’il ne contrôle plus. L’acteur retrouve ce héros asocial, caractérisé par le mutisme, qui l’avait révélé en France dans « Les conséquences de l’amour ». Toutefois, alors que chez Sorrentino il était bouleversant dans une relation passionnelle qui le conduisait irrémédiablement à sa perte, ici l’on reste nettement plus partagé par l’histoire d’amour qu’il développe avec le personnage de Lila, la fille d’un restaurateur chinois. Elle monopolise l’action, affadit l’intrigue et manque de crédibilité. Certaines scènes et la volonté de filmer avec peu de dialogues donnent néanmoins une réelle personnalité à ce « Tigre parmi le singes », l'un des bons drames sortis en 2011 au cinéma.