Terrible vision de l'usine qui broie, à l'image de Carmella, qui croit naïvement qu'on lui offre du lait par bonté quand elle travaille au four, alors que c'est un simple contre-poison par rapport aux vapeurs. Comme dans d'autres films des années 1970, visions désolantes et familières de ces rivières parsemées de bulles de pollution.
Fossé entre les représentations que le sud et le nord ont de l'autre. Carmella est choquée par la crudité des discussions des Milanaises sur le sexe ; les collègues de Nullo lui disent tout et son contraire sur les filles du sud. Ses parents lui demandent si elle se lave. Elle est obsédée par le secret : on ne doit pas les voir ensemble. L'appartement misérable où s'entasse la famille de Carmella. Elle, torturée par la morale traditionnelle (la Vierge, sa famille)
Comme toujours, l'avantage va à l'Italie du Sud et ses destins d'exilés intérieurs.
J'aime bien le thème principal, lancinant.
Il y a aussi des notations sur les restes du PCF. Moment drôle quand le frère, poursuivi par des gens qui veulent sa peau après qu'il ait renversé un gamin en moto, se réfugie dans la permanence et les autres n'osent pas le suivre car ils n'ont pas leur carte.
Un drame sur fonds de film social, qui sait laisser respirer la relation entre ses deux principaux protagonistes, en donnant la part belle à tous les liens socio-économiques, culturels, etc... qui entravent leurs rêves et leur désir de bonheur. Le film sait être touchant sans être glauque, bien que la vie de ses personnages le soit (la fameuse scène des patates qui roulent de la valise montre bien cet équilibre, notamment avec la réplique "C'est une histoire d'amour tragique, même avec les patates".
Merci à Cinéma et Politique pour cette découverte.
Synopsis. Une usine près de Milan. Carmella, originaire de Trapani (en Sicile) est mutée au four pour retrouver son béguin, Nullo , syndicaliste. Le frère de Carmella, en bon Sicilien, est prêt à défendre son honneur. Ils font l'amour. Carmella fait un malaise à son poste à cause des vapeurs. Chacun hésite à présenter l'autre à ses parents. Après une énième disput, ils se séparent. Carmella ne vient plus à l'usine, mais les autres employées du four reçoivent des masques : c'est parce que Carmella, qui n'a jamais bu le lait préconisé, est tombée malade. Dans un élan baroque très sicilien, la mourante se marie avant de mourir. Nullo, lui, tue son patron.