Chaos Frénétique
C'était pas mal du tout. Pas vraiment mon genre de film, disons que ce genre de personnages qui font que les mauvais choix, où leur vie est un véritable bordel à cause d'eux, de leur incapacité à...
Par
le 3 févr. 2020
63 j'aime
3
En début d’année 2020, alors que les couvre-bouches et le fameux mètre vital n’étaient pas encore démocratisés, le nouveau film des frères Safdie sortait en France à travers la révolution, qui prend déjà bien son pli, de la plateforme numérique. Près de trois ans après la claque furieuse et tragique que fût Good Time, Josh et Benny Safdie n’ont encore pas choisis de délaisser leurs cinéma coups de poings, véritable secousse urbaine et humaine, sur le bas-côté de la route. Uncut Gems s’avère ainsi pour moi comme le meilleur film de la triste année 2020 à moitié couverte par le masque. Sur mon petit écran, c’est un film électrique qui s’élabore. Un film capable de faire disjoncter à tout moment notre ordinateur ou tablette, et ainsi lessiver son spectateur après deux heures passées avec l’imprévisible Howard Ratner. Dés l’introduction, le ton est donné : un accident dans une mine en Ethiopie ; une pierre lumineuse et attractive ; une coloscopie ; pour enfin finir par retomber directement dans les yeux d’un Adam Sandler grimé en bijoutier newyorkais aux affaire foireuses, déjà tortillé des quatre côtés par une voix furieuse au bout du téléphone. Les Safdie ne quitterons plus son visage, tantôt nocturne, blessé, apeuré, joyeux ou jouissif, nous transportant ainsi dans cette ballade fatigante mais libératrice. Libératrice car Uncut Gems répond peut-être aux attentes que l’on place en chaque film avant d’entrer dedans : une œuvre capable d’amener le spectateur lui-aussi, à venir prendre part au supplice, aux doutes et enchantement du personnage. Non pas de manière fantaisiste, facile ou stupide, mais bel et bien à travers le premier talent de ses auteurs : la mise en scène. Celle qui, dans son imagerie, condense une envie et un acte. Ils entrainent ainsi, pour le meilleur et pour le pire, le spectateur au-devant la scène, tel un premier témoin du geste.
Ainsi, le véritable geste d’Uncut Gems est bien celui de la puissante imprévisibilité. Chaque action et chaque mot cachent un coup, une sensation, que les frères Safdie tentent perpétuellement de, à la fois créer, mais aussi capter. Leur caméra ne lâche jamais la violente et énergique folie ambiante, si ce n’est devant un match de basket au cœur du domaine familial, comme entre deux rounds de boxe. Imprévisible est Uncut Gems à l’image de sa scène finale, que je ne révélerais pas pour éviter de gâcher le plaisir, ou la stupeur, des prochains témoins du film, mais qui est la parfaite révélation de ce sentiment constant qui fascine et épuise. Comme une véritable déviation, conduisant le spectateur à recevoir lui-aussi les coups. J’ai ainsi reçu ces coups en ce début d’année 2020, et je ne les oublierais évidemment pas.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2020
Créée
le 16 mars 2021
Critique lue 96 fois
2 j'aime
D'autres avis sur Uncut Gems
C'était pas mal du tout. Pas vraiment mon genre de film, disons que ce genre de personnages qui font que les mauvais choix, où leur vie est un véritable bordel à cause d'eux, de leur incapacité à...
Par
le 3 févr. 2020
63 j'aime
3
Découverts avec le thriller urbain original et novateur “Good Times », avec cette atmosphère nocturne new-yorkaise si bien rendue et son impression d’urgence perpétuelle, les frères Safdie reviennent...
Par
le 22 janv. 2020
61 j'aime
4
Déjà avec « Good Time » je n’avais pas compris l’engouement généré autour des frères Saftie. Et avec cet « Uncut Gems » – que le grand maître Scorsese s’est décidé à produire, excusez du peu –...
le 9 févr. 2020
55 j'aime
10
Du même critique
Petite Maman, le dernier film de Céline Sciamma présenté à Berlin en début d'année prolonge la ligne dans laquelle la cinéaste est surement la meilleure : son regard simple, et pourtant si beau sur...
Par
le 2 juin 2021
7 j'aime
Oliver Laxe signe un film aussi poétique que dur, récompensé du prix du jury à ''Un Certain Regard'' lors du festival de Cannes 2019 ! ''Viendra le feu'' ou ''O que arde'' en version original,...
Par
le 10 sept. 2019
7 j'aime
Scruter la monotonie du réel et du quotidien pour en apprécier encore plus la surprise subite, le geste d'une beauté rare qui d'un coup, tord la ligne droite de la vie. Days de Tsai Ming-liang est un...
Par
le 12 sept. 2020
6 j'aime