Après le très remarqué It Follows il y a 4 ans, David Robert Mitchell revient à Cannes. Là ou sa précédente œuvre exorcisait la peur des MST. Under the Silver Lake se veut comme une catharsis d'une inquiétude plus existentielle, mais toujours propre à la nouvelle génération : la crainte de l'engagement.
Sam, jeune branleur, mène la vie d'inactif que l'on imagine. Son déficit d'agenda lui permet de s'adonner à de nombreux hobbys : lectures de Play-boy, rinçage d’œil, achat de Comic-Book, et autres coups de fil à Maman. Son quotidien bascule lorsque disparait Sarah, sa nouvelle voisine et concubine. S'en suivra une enquête à la fois surréaliste et absurde, sorte de croisement entre un David Lynch et Inherent Vice
Comme dans ce dernier, le réalisateur s'amuse perdre son personnage comme son spectateur. Sam, ayant enfin trouvé le mystère qui manquait à sa vie s'implique dans la résolution d'une enquête dont il est l'unique détective. Comme un The Dude à l'esprit embrumé, Sam pioche tout autour de lui pour trouver des indices, des "pistes" qui n'ont aucun lien avec l'enquête. Ainsi Sam crée sa propre investigation avec des éléments disparates. Que ce soit un fanzine intrigant, les paroles d'un groupe de Teenage Rock ou une carte dans un vieux magazine, toute preuve est bonne à prendre. Sa vie devient un jeu de Cluedo imaginaire. En témoin absurde du mystère, le personnage se laisse mener par sa paranoïa. Sa vie trop monotone manquait de secrets, ses peurs ont donc pris le dessus.
Mais au fil de l'enquête, les éléments sont trop nombreux, le mystère ne fait que s'épaissir. Le personnage se laisse aliéner. Il ne comprend plus l'énigme, il n'est plus qu'un témoin, se laissant porter par un scénario dont il ne comprend pas les lignes. Et nous spectateurs sommes comme toujours relayé à un rang de voyeurs, observant un observateur.
Le cinéma c'est la vie à travers un trou de serrure
disait Cocteau
Avec Under the Silver Lake structuré sur des raccords-regards, le spectateur est servi. Témoin inerte d'un monde sur le quel il n'est pas de prise, le protagoniste est une victime de l'absurde. Sa lutte chimérique lui aura permis de vivre de s'élever, le temps d'un film