1er Cannes 1er Film


C'est par une magnifique antithèse que s'ouvre la projection. Kore-Eda, fidèle représentant du naturalisme japonais nous présente Shota et son père Osamu flânant au super-marché. Plans fixes, montage académique, aucun élément visuel ne semble présager une quelconque fantaisie. "C'est plat" avisera le spectateur sourd. Et pourtant ! La bande musicale reprend les codes du film de braquage. Par le biais d'une simple partition, la scène prend son envol. Dès lors, le réalisme se teinte de suspens. Les paquets de nouilles, larcins pour le moins insignifiants, deviennent un MacGuffin à la hauteur du collier de diamants. Le réalisateur, victime d'Eureka pendant le montage joue avec son propre style. Le réalisme qu'on avait habitude de lui attribuer s'élève vers le romantique. Les enjeux et leurs présentations sont crus, mais le résultat quant à lui est exaltant.


A l'image de l'ouverture, le film est d'un réalisme angélique. La famille suivie par Kore-eda est pour le moins recomposée. A l'opposé de la tradition, les 6 membres du ménage, ne sont pas liés par le sang. Chacun est un marginal, un rejeté. La maison, malgré ses allures de Squat est un temple, un refuge où les mis à l'écart se rassemblent. Les personnages : un voleur, une escort Girl et des enfants battus pourrait nous faire sombrer dans un misérabilisme digne de Larry Clark. Mais bien au contraire, comme dans L'été de Kikujiro, les grossiers brigands deviennent des clowns. Les adultes, parasites dans la société se la jouent parents poules devant les plus jeunes. Les marginaux se soudent et deviennent source de cohésion.
Dès lors la société japonaise, (réduite à sa réputation de conformiste par Kore-Eda) est attardée. Paradoxalement, la famille de ratés présentée par le film est la plus idéale. La famille peut perdurer mais changer. La tradition doit s'adapter.

SprodZz
8
Écrit par

Créée

le 15 mai 2018

Critique lue 1.7K fois

6 j'aime

SprodZz

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

6

D'autres avis sur Une affaire de famille

Une affaire de famille
voiron
10

Une affaire de famille

Le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda a reçu la Palme d’or 2018 pour son film Une affaire de famille. Le père apprend à son fils à voler dans un supermarché pour nourrir les personnes de la...

le 15 déc. 2018

81 j'aime

10

Une affaire de famille
EricDebarnot
9

Shoplifters of the World, Unite !

Cette palme d'or - juste mais contestée - attribuée à Cannes au dernier film de Kore-eda, vient à notre avis enfin reconnaître l'importance du plus grand réalisateur japonais actuel, digne héritier...

le 22 déc. 2018

52 j'aime

19

Une affaire de famille
Kiwi-
9

Hier, aujourd'hui et demain.

Il y a quinze ans, Hirokazu Kore-eda signait « Nobody Knows », une bouleversante chronique de l’enfance au sein du labyrinthe tokyoïte. Depuis, sont sortis « I Wish », « Tel père, Tel fils », « Notre...

le 11 déc. 2018

51 j'aime

6

Du même critique

Une affaire de famille
SprodZz
8

Truants, Brutes mais Bons

1er Cannes 1er Film C'est par une magnifique antithèse que s'ouvre la projection. Kore-Eda, fidèle représentant du naturalisme japonais nous présente Shota et son père Osamu flânant au super-marché...

le 15 mai 2018

6 j'aime

La mariée était en noir
SprodZz
8

Kill Bill

Attention Critique spoilant l'intégralité du film La grand faucheuse a revêtue son costume de vengeresse. Ou plutôt l'inverse, la vengeance a mit son déguisement favori : celui de la mort. La mariée...

le 24 sept. 2017

4 j'aime

Under the Silver Lake
SprodZz
9

Oisif Actif

Après le très remarqué It Follows il y a 4 ans, David Robert Mitchell revient à Cannes. Là ou sa précédente œuvre exorcisait la peur des MST. Under the Silver Lake se veut comme une catharsis d'une...

le 17 mai 2018

3 j'aime