1er Cannes 1er Film
C'est par une magnifique antithèse que s'ouvre la projection. Kore-Eda, fidèle représentant du naturalisme japonais nous présente Shota et son père Osamu flânant au super-marché. Plans fixes, montage académique, aucun élément visuel ne semble présager une quelconque fantaisie. "C'est plat" avisera le spectateur sourd. Et pourtant ! La bande musicale reprend les codes du film de braquage. Par le biais d'une simple partition, la scène prend son envol. Dès lors, le réalisme se teinte de suspens. Les paquets de nouilles, larcins pour le moins insignifiants, deviennent un MacGuffin à la hauteur du collier de diamants. Le réalisateur, victime d'Eureka pendant le montage joue avec son propre style. Le réalisme qu'on avait habitude de lui attribuer s'élève vers le romantique. Les enjeux et leurs présentations sont crus, mais le résultat quant à lui est exaltant.
A l'image de l'ouverture, le film est d'un réalisme angélique. La famille suivie par Kore-eda est pour le moins recomposée. A l'opposé de la tradition, les 6 membres du ménage, ne sont pas liés par le sang. Chacun est un marginal, un rejeté. La maison, malgré ses allures de Squat est un temple, un refuge où les mis à l'écart se rassemblent. Les personnages : un voleur, une escort Girl et des enfants battus pourrait nous faire sombrer dans un misérabilisme digne de Larry Clark. Mais bien au contraire, comme dans L'été de Kikujiro, les grossiers brigands deviennent des clowns. Les adultes, parasites dans la société se la jouent parents poules devant les plus jeunes. Les marginaux se soudent et deviennent source de cohésion.
Dès lors la société japonaise, (réduite à sa réputation de conformiste par Kore-Eda) est attardée. Paradoxalement, la famille de ratés présentée par le film est la plus idéale. La famille peut perdurer mais changer. La tradition doit s'adapter.