David Robert Mitchell est auteur de rares films, mais d’un talent inimaginable. Père du vénérable It Follows, il est passé maître dans l’art de la mise en scène. Sa technique est lente, progressive, se mêlant à une photographie puissante, une sobriété de jeu et un scénario innovant. Dans son film présenté en compétition à Cannes, il nous livre en pâture un jeune homme transformant sa vie insipide en enquête surréaliste. Plus qu’un hommage au temple hollywoodien, Mitchell nous fait parcourir un Los Angeles aux tons pétillants comme aux nuances les plus sombres. Teinté d’une délicieuse paranoïa et de rebondissements très loufoques, le film réussit malgré tout à nous emporter du début jusqu’à la fin. Under The Silver Lake est un beau métissage entre Kaboom de Gregg Araki et Mulholland Drive de David Lynch : nourri par son humour décalé, ses aperçus de film noir et ses décors à couper le souffle.
Plus l’intrigue avance, plus on s’amuse aux côtés de ce héros malgré lui à récolter chaque indice, à s’en faire sa propre interprétation, souvent la plus grotesque. Hélas c’est là qu’est l’os, à force de chercher la moindre justification, le point final en reste très mystique, et au demeurant assez décevant. Car le réalisateur passe deux heures et quart à divaguer (lui aussi), pour finalement ne retenir aucun propos. Mitchell se démarque bien mieux dans la sobriété énigmatique qu’il nous a apporté dans son désormais culte It Follows...