Tout commence comme dans un film catastrophe teubé, dans une exposition qui laisse pantois. Imaginez donc Kristen Stewart regarder sa brosse à dents d'un air pénétré, avant de se les laver (les dents, hein...) sans dentifrice. Le tout avant d'être shaky camée pour se lancer dans une course tout en glissade et angles droits afin de prévenir ses collègues du péril imminent (C'est pas comme si le tremblement de terre ne les avait pas déjà réveillés...). Des collègues qu'on ne verra jamais arriver, si ce n'est au bout du couloir, pour que Kristen leur ferme le sas sous le nez.
Et là, il n'est pas interdit de penser que William Eubank a peu de pudeur puisqu'il vient de couler une pêche en eaux profondes et en public dans une piscine municipale un jour de canicule. Le tout agrémenté d'un ralenti qui a tout du hors-sujet, et qui aura quelques petits frères qui devront faire bondir celui qui, normalement, garde le temple du bon goût.
Underwater ne se relèvera jamais complètement de cette exposition what the fuck en forme de naufrage, alors même que l'oeuvre mute peu à peu en film de couloirs inondés, puis en très pâle copie d' Alien à la plage. Alors même que le réalisateur se ressaisit en mettant en scène pas mal de séquences de tension et bien claustro qui valent le coup d'oeil et permettent que l'intérêt du spectateur ne parte pas à la dérive. C'est qu'on veut la voir, la cause de tous ces dégâts et de ces bruits de mystères mystérieux qui animent cette station sous-marine qui se fait la malle, donnant l'impression qu'elle respire par spasmes hoquetés.
Je ne révèlerai pas grand chose qu'il s'agit bien sûr d'une énième engeance monstrueuse lorgnant très vaguement du côté de Lovecraft, réveillée par la surexploitation des ressources de la planète par les méchants Chinois, vu le nom de la compagnie à l'origine du forage. Et qu'il s'agit encore, bien sûr, d'une très vilaine entreprise capitaliste qui étouffe l'affaire et envoie ses nouveaux esclaves à une mort certaine.
Beaucoup de déjà vu au programme, donc, jusque dans l'ordre des victimes, vu que le noir meurt en premier, comme d'hab'. Sauf que les mises à mort n'ont rien de très graphique ni foncièrement spectaculaires, et par dessus le marché embrouillées par un montage aléatoire. Tout cela alors même qu'à la base, Eubank est tout simplement incapable de faire ressentir une quelconque géographie des lieux dès lors que nos petits baigneurs s'engagent dans une scène d'action ou encore dans une balade à l'extérieur de la plate-forme...
Et comme pour essayer de dégoûter définitivement du truc, on nous inonde de mélo crétin, de traumas nouilles, de l'éternel sacrifice, et de personnages clichés sur pattes anodins, voire ridicules comme l'inévitable capitaine Lucien pour figurer le français au casting, dans une maladresse et / ou un je-m'en-foutisme que certains trouveront lamentable.
Au point que la prestation de Kristen Stewart apparaîtrait presque comme l'un des avatars mineurs de l'aventure. Alors qu'on voudrait en effet nous servir une nouvelle Ellen Ripley bad ass, on se trouve devant une actrice qui ne dégage absolument rien et totalement asexuée, alors même qu'elle traîne finalement presque la moitié du film en sous-vêtements... Mais comme d'hab, on n'est plus finalement à une schizophrénie près...
Mais malgré cet océan de défauts, de facilités coupables et de bêtises, le masqué s'est surpris à ne jamais détester Underwater, la tension instillée n'étant jamais totalement gâchée. Mais après avoir envisagé un 5 sur Sens Critique, en ayant à l'esprit que 2020 réserve sans doute des films bien plus haïssables, il a aussi réalisé que tous ses abonnés n'étaient pas armés de la même indulgence que lui.
Behind_the_Mask, qui ne connaît pas assez de Mariannes pour en faire une fosse.