Qu'est ce qui définit une Palme d'Or? Cette prestigieuse récompense, prisonnière de la subjectivité d'un jury - parfois de la seule tyrannie de son Président - peut-elle à la fois contenter la masse médiatique et populaire? Il est difficile de concilier le profane et l'amateur, surtout ces dernières années, synonymes d'oeuvres sociales de qualité moyenne souvent trop éloignées voir médisantes pour le spectateur occasionnel. Cannes serait-elle devenue le refuge d'une intelligentsia du 7ème art, impulsée par l'actualité immédiate?
Une affaire de famille est un drame social. Mais pas un énième. Un film lumineux, touchant, une fable familiale intimiste puissante et naïve. On montre mais on ne juge pas. Une affaire de famille est un charme social!
Il y a un autre Japon, un Japon caché inconnu de l'Occident ou vie une fratrie de voleurs, de menteurs, de langues de vipère. C'est la famille d'Osamu. Une famille composée par le destin, unie par les combines, qui vit au jour le jour avec précarité et système D. Ces cinq pièces rapportés vont en ajouter un nouvelle à leur collection, un petit ange trouvé dans la rue. Voilà nos six héros ou zéros diront certains. Ils vont nous offrir des moment uniques de joie, de tendresse, de complicité. Que cela soit la vieille mamie peau de vache à souhait ou le fils chapardeur dans l'âme, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Ici on est débarrassé du carcan de la morale. On vit leur quotidien, anormal et si plaisant.
**Kore-eda**est à son sommet. Ses compositions sont simples, épurées. Un plan fixe et un travelling le plus souvent. Et au milieu de la nuit, lors d'un feu d'artifice, c'est toute la famille le nez en l'air qui est sublimée par un cadrage et une lumière magnifiques.
La dernière oeuvre de **Kore-eda**n'est pas un chef-d'oeuvre, simplement un très bon film. Une surprise qui se laisse fondre sous la pupille. Le metteur en scène japonais prend s'offre même le luxe de transformer le dernier quart en un thriller émotionnel. Et ça marche.
Un peu long, un peu confus. Trop "quotidien" diront certains. Ils ont certainement raison. Mais c'est oublié l'atout du film: un charme pernicieux qui ne vous quitte jamais. Une Palme d'Or politiquement incorrecte et c'est pour cela que l'on aime!