Déjà, Une affaire de principe a pour qualité première de rendre presque limpide un dossier plutôt complexe, dans les couloirs du parlement européen, au fonctionnement souvent opaque pour la multitude ignorante, suivant l'antienne : ce qui se passe à Bruxelles reste à Bruxelles. Surtout quand la corruption des plus hauts dans la hiérarchie se complaît dans l'influence sonnante et trébuchante de certains lobbies, comme celui de l'industrie du tabac. L'investigation menée par José Bové et ses collaborateurs illustre à sa manière la lutte du pot de terre contre le pot de fer et, de ce point de vue, le film semble très sérieusement documenté. En contrepartie, le ton est au didactisme, privilégiant les mots à l'image, avec une mise en scène qui frise la platitude. On voit bien que pour agrémenter ce coup fumant, le réalisateur a tenté l'ironie et parfois le pas de côté mais ses personnages restent uniformes et sages, hormis ce bon vieux José, campé avec délectation par un Bouli Lanners à la moustache frémissante. Ses petits camarades, Thomas VDB et Céleste Brunnqueil, ne déméritent pas mais leurs rôles sont trop contraints et ne sortent que peu de leur rail d'enquêteurs acharnés. Le film manque d'éclat mais rend un peu de foi dans les institutions européennes, c'est déjà cela.