C’est le nouveau film du duo français peut-être le plus réputé en France en matière de comédie (le bon vieux feel good movie) : Toledano-Nakache. En effet ils avaient marqué le cinéma hexagonal et même international avec *Intouchable* en 2011. Tout le monde en parlait, en bien la plupart du temps (ouais bon sauf les critiques américaines qui pointaient le fait qu’un homme noir divertisse un homme blanc, dans la fameuse scène dont vous vous souvenez probablement) – pour l’anecdote je l’avais découvert en cinéma plein air pendant l’été qui suivait sa sortie . Mais ils n’ont pas fait que ça, plus récemment en 2018 il y avait *Le sens de la fête* que j’avais vu en salle et que j’avais plutôt aimé. Mais ils sont les auteurs de cinq autres comédies (que je n’ai pas vu) qui, quoi qu’on en dise, font parties du paysage cinématographique français.

Une année difficile donc (en référence à ce poncif ostentatoire de nos présidents de la Ve qui peu importe le contexte l’ont tous au moins une fois prononcé lors d’une allocution télévisée).



Je suis mitigé. C’est tout ce que je peux clairement en dire.

Le film a divisé, certains ont jugé qu’il était une belle fumisterie en puissance puisque se moquant allègrement des écolos ; d’autres y ont vu une plaisanterie douce et agréable sur un sujet qui l’est justement moins. Mais donc, est-ce que je me trouve plutôt dans un camp ou plutôt dans l’autre ?

Eh ben je suis exactement entre les deux. Ou à l’opposé de chacun.

Je ne peux m’empêcher d’avoir la sensation que le film se place à côté de ses personnages pour se foutre d’eux et de leur combat ; il n’y a qu’à voir la scène dans le giga appart’ parigo du personnage de Noémie Merlant (quand ils applaudissent comme le font les sourds, whaat ?). Pourtant, il y a ces moments, lorsque le film a démarré, durant lesquels la cause environnementale et les individus qui l’incarnent semblent prise au sérieux. Il y a des scènes de lutte environnementale qui sont bien en proie avec le réel (certains mouvements qui ont pour but de provoquer une réaction médiatique, publique, sensibilisante). Mais alors pourquoi diable [carrément ouais] le film se gangrène et s’embarrasse lui-même avec cette écriture de personnages ambivalente : tantôt ils sont filmés comme les héros quotidiens d’une lutte collective, universelle, tantôt la caricature qui en est faite est poussive à un point où l’on se demande si ça n’arriverait pas à annuler tout le propos socio-politique que le duo français arrive à esquisser par ailleurs.

Est-ce un film de droite non-assumé ? Un film révolutionnaire mal tissé ? Ou simplement une comédie qui utilise des problématiques trop fortes, ne sachant exactement comment les investir ? La question est limpide, la réponse l’est moins.

(J’ai passé volontairement sous silence toute la problématique que traversent nos deux (ou trois) personnages (l’endettement) parce qu’on a juste pas le temps, mais disons simplement que le problème est le même que le reste).

La fin selon moi cristallise toute la difficulté à appréhender ce film. Elle est l’occasion d’une scène onirique dans laquelle Pantoufle et Pois-chiche se retrouvent, comme dans un rêve, parcourant les rues de la capitale et se mettant à danser ensemble sur fond de *La valse à mille temps* de notre Jacques national. Oui, cette scène de fermeture est jolie, dansante, pleine d’espoirs. Mais alors, que veut ce film ?? Être une comédie légère : avec en toile de fond le combat que vont finalement mener deux hommes pour se sortir de leur impasse financière et trouver écho dans la lutte pour l’environnement ? Avec en toile de fond une histoire d’amour qui finit par se résoudre dans l’amuuur (une comédie romantique donc) ?

Je devrais peut-être le revoir. Allez savoir. Toujours est-il que je suis indécis. Bref ciao.

Popoewmeow
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le 5 nov. 2023

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Popoewmeow

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