On a bien compris que c'était une année difficile

Le tandem Toledano/Nakache est souvent gage de films réussis d'un point de vue sociétal.

Que ce soit Nos Jours Heureux, Intouchables, Samba, Le Sens de la Fête et Hors Normes, ils ont toujours eu un sens aigu du réalisme. C'est même les presque spécialistes en la matière dans notre cinéma Français. Un autre duo (De La Pattelière/Delaporte) se chargeant lui de projets plus pharaoniques. Néanmoins on va se le dire d'entrée de jeu : Une année difficile est probablement leur long-métrage le moins impactant, parce que terriblement factuel et sans aucune consistance dramaturgique.

Hors Normes était sacrément réussi sur toute la ligne, dans sa capacité à fédérer autour d'un domaine difficile, en montrant les faiblesses du système. Une année difficile met en lumière des personnes sur lesquelles on ne met pas souvent un focus : Les gens de la classe moyenne qui se surendettent pour tenter de vivre convenablement. Et pourtant, nos héros apparaissent plus comme des bénis-oui-oui complètement mangés par une société de consommation puissante. Albert (Pio Marmaï), surendetté à hauteur de 86.000 euros, se bat contre des gens pour s'acheter une TV dont il n'aura pas l'utilité lors du Black Friday - afin de la revendre très vite dans la foulée. Bruno (Jonathan Cohen) est lui aussi dans la mouise financière. Sauf que l'on arrive pas à avoir de l'empathie pour ces personnages acheteurs et consommateurs compulsifs de part l'absence totale de construction dramaturgique autour d'eux. Les rares moments en ce sens sont des échecs (Albert est considéré comme un pestiféré par sa famille côté soeur pour avoir trop emprunté, Bruno en instance de divorce).

Côté activistes, c'est aussi bien traité que la représentation du mouvement Dernière Rénovation dans les médias. Des gens hors-sol, qui pensent régler la question écologique en créant cent fois plus de pollution (fumigènes, blocages de la circulation, empêcher un avion de décoller...), un fourmillement de bonnes idées qui montre que le tandem Toledano/Nakache n'a pas réussi ce coup d'essai dans le domaine écologique.

Il reste quelques onces d'humour bien senties, un trio Merlant-Cohen-Marmaï assez efficaces et quelques poignées de scènes touchantes (Jo Co dans la chambre de son fils). La fin autour de la question du covid reste également intelligente. Pour le reste c'est long, un peu sirupeux, pas mauvais, mais assez cliché.