L’œuvre la plus bergmanienne et l’une des plus réussies parmi l’innumérable filmographie de Woody Allen. Habituée chez son mari John Casavetes aux personnages extravertis et impétueux, Gene Rowlands fait merveille ici dans un rôle beaucoup plus intériorisé. Sven Nykvist, le chef-opérateur attitré de Bergman, décline une merveilleuse gamme de teintes chaleureuses mais mélancoliques qui font souvent penser à Sonate d’automne, tandis que le scénario, d’une grande subtilité, s’inspire des Fraises sauvages. Pour une fois, le cinéaste ne parsème pas son scénario d’aphorismes ou de bons mots mais multiplie les scènes, drôles, grinçantes, touchantes ou franchement dramatiques, au travers d’une galerie de personnages finement dépeints. Comme toujours chez Woody Allen, la bande sonore est aussi une petite merveille, passant du piano jazz d’Erroll Garner à une Gymnopédie de Satie ou à quelques accords grinçants d’Edgar Varèse au fil des humeurs changeante et l’évolution intime de son héroïne. Un chef-d’oeuvre méconnu du prolifique cinéaste new-yorkais.