Souvent cantonnée à ses films bibliques comme Les Dix Commandements, la carrière de Cecil B. DeMille fut pourtant très diversifiée. Comme en témoigne ce western teinté de fresque historique de 1936, Une Aventure de Buffalo Bill, où Gary Cooper excelle comme à son habitude.
Véritable pionnier du cinéma américain, Cecil B. DeMille démarra sa carrière de réalisateur dès 1914 avec déjà un western Le Mari de l'indienne, qui est considéré comme le premier film tourné à Hollywood. S'en suivront une multitude de films de tous genres (comédie, aventure, mélo...) avec une préférence semble-t-il pour les grandes fresques historiques. D'ailleurs on peut voir The Plainsman (évacuons le titre français mensonger, Buffalo Bill étant un personnage secondaire du film) comme un western tentant d'esquisser une approche historique, voire légendaire (au vu des nombreuses invraisemblances) de l'Ouest américain. On retrouve effectivement des personnages réels qui sont de véritables icones américaines comme Wild Bill Hickock, Calamity Jane, le général Custer, Abraham Lincoln et bien sûr Buffalo Bill. Et DeMille parvient à merveille à intégrer tous ces personnages à son scénario surfant entre la comédie et le western tout en délivrant une fin touchante avec la mort de Hickock. Cette dernière séquence est d'ailleurs un modèle de tension et de modernité confinant au thriller. Il semble d'ailleurs que DeMille dut batailler avec la production pour imposer cette fin pourtant véridique où le héros se fit abattre d'une balle dans le dos par un lâche...
UNE AVENTURE DE... WILD BILL HICKOCK !
Grâce à une direction artistique de qualité, une musique emblématique signée George Antheil et des très nombreux figurants, DeMille donne un souffle indéniable à ce western qui, il faut le souligner, donne une image plutôt positive des indiens. En effet, dans le film si ceux-ci se rebellent et attaquent la cavalerie de Custer, qui meurt (de façon grandguignolesque !) lors de la bataille de Black Hills, DeMille rappelle plusieurs fois que les « blancs » n'ont pas tenu leur parole quant aux frontières de l'Ouest. Signalons d'ailleurs l'apparition du jeune Anthony Quinn en indien sioux qui informera Bill et Hickock que c'est l'américain Lattimer, interprété par l'excellent Charles Bickford, qui les ravitaille en armes...
Si James Ellison ressemble à Buffalo et l'incarne de belle manière, c'est bien le duo Calamity Jane-Wild Bill Hickock qui tient la vedette. Déjà en couple la même année dans L'extravagant Mr. Deeds, Jean Arthur et Gary Cooper sont resplendissants. Volontiers ironique, loyal et déterminé, Cooper éclabousse le film de sa classe tandis que Arthur compose une Calamity Jane drôle et émouvante. A l'image du rôle tenu par Ellen Burgess, les femmes ne font pas ici que de la figuration !
The Plainsman s'impose donc comme l'un des plus beaux westerns de l'époque. Habile mélange des genres, il nous offre un divertissement sans temps mort et s'il détricote l'Histoire (Buffalo n'était pas là lors du meurtre de Hickock, l'histoire se déroule sur près de 15 ans alors qu'elle est linéaire dans le film...), il s'affirme bien moins caricatural que ce que l'on aurait pu craindre, notamment par rapport aux femmes et aux indiens. Du grand art !
( Retrouvez l'évaluation de la partie technique de l'édition Blu Ray-dvd de Elephant Films par ici : http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=6813 )