...en ce qui me concerne, tout du moins.
Difficile de résumer la tonalité de ce film, scindé en deux parties bien distinctes.
La première, lorgnant vers le drame et le récit social, aborde de nombreux thèmes comme la jeunesse en ce début des années 60, la place de la femme, notamment dans la communauté italo-américaine, son désir d'émancipation, le quotidien de musicien et sa précarité mais surtout l'avortement, son aspect clandestin et honteux, concrétisé par la meilleure scène du film dans laquelle l'insouciance et l'inconséquence s'évanouissent dans la chambre vide et glacée d'un appartement de faiseur d'ange. Un point d'orgue intéressant pour ce premier chapitre à la photographie léchée dont les échanges sans relief entre ses deux vedettes limitent cependant l'intérêt.
Egarante rupture, la comédie romantique relaie le scabreux.
Didactique, Robert Mulligan nous explique que conséquemment à leur choix dans l'épreuve ( je ne dévoilerai pas lequel) la vie continue pour nos deux perdreaux. Moins inspiré et surtout développé, ce second chapitre ennuie davantage qu'il n'amuse ou n'émeut. Les dialogues manquent de punch, les scènes de folie. Steve McQueen, le charisme incarné, et Nathalie Woody, radieuse, ombragent leurs personnages, ligotent les individualités, repoussent toute idée d'alchimie, de connivence.
Au final, tout ceci, allié à une technicité au-dessus du lot, une musique jazzy sympathique, un rythme débonnaire, accrédite le ton d'une chronique de jeunes gens ordinaires mais colle peu au rayonnement de ses acteurs phares.
On affirme souvent que les acteurs crèvent l'écran, c'est évidemment le cas ici. Au détriment de leurs rôles et de leur complicité.