Pour un premier film, Marc Dugain adapte la première partie de son propre roman, celle où une jeune magnétiseuse est sommée de guérir Staline alors que celui-ci se sent mourir.
Déjà, la grande surprise de ce film est de ne proposer que des acteurs français pour jouer des personnages russes, et sans accent non plus. Il faut avouer que ça marche très bien. On sent que c'est un film à petit budget, donc il y a très peu d'extérieurs (juste une scène à la maison de vacances de Staline), mais je dirais que là, c'est presque un avantage que le film soit aussi cloitré, car il représente lui aussi l'état d'esprit de cette femme, obligée par le Kremlin au risque que son mari disparaisse. Le film laisse aussi très planer le manque total de liberté des citoyens soviétiques.
Parlons des acteurs ; outre un Dussolier incroyable en Staline (la ressemblance physique laisse bouche bée) et qui le joue tout en gravité, et certain du destin qui pèse sur lui, Marina Hands est aussi très bien. Son personnage d'infirmière est tiraillée de toutes parts, entre son échec d'avoir un enfant, ses supérieurs qui lui font des avances et Staline qui lui met une pression à cause de ses prétendus pouvoirs.
Il y a aussi Edouard Baer, étonnant car il s'est enfin rasé, Denis Podalydès en concierge fouille-merde, et un très juste Tom Novembre qui, dans un tout petit rôle de docteur, laisse planer une grande fragilité dans son personnage, filmé comme quelqu'un qui a de la stature.
Malgré le fait que l'action se passe dans les années 1950, la reconstitution se fait discrète, et la mise en scène est peut-être un peu trop scolaire encore, à vouloir souvent cadrer en gros plans comme pour montrer que tous paraissent comme enfermés dans ce régime communiste. Et attentions aux petites baisses de rythme, car le film semble parfois un peu trop s’appesantir.
Contrairement à des gens comme BHL, Michel Houellebecq ou Frédéric Begbeider, Marc Dugain semble avoir un vrai talent de réalisateur. C'est ce qu'on appelle un film d'acteurs, et rien que pour la prestation de Dussollier, ça se laisse voir sans problèmes !