Christine Angot réalise un film documentaire aussi court (1h21) qu’intense. Les médias interrogent son besoin de revenir, une nouvelle fois, sur l’histoire de l’inceste paternel qu’elle a subi, après en avoir traité par l’écriture. Pourtant, le procédé cinématographique bouleverse l’approche et le passage par l’image fait largement entendre sa pertinence.
En effet, le documentaire apporte une double dimension : la mise en contact du spectateur à une scène de réalité, même si la réalisatrice y applique son angle de vue et son montage ; et la dimension familiale et sociétale qui prend corps à travers l’intervention filmée des autres protagonistes de la scène incestueuse.
La réalisatrice y questionne les soubassements psychiques groupaux des actes incestueux au sein des familles. Elle montre la place centrale du social et des médias dans la façon de considérer l’inceste comme un crime, ou, à l’instar de la famille, d’en taire la gravité, par banalisation, instrumentalisation médiatique voire humiliation.
La portée sociétale de ce documentaire tient dans ce qu’il démontre : l’acte d’inceste est un crime généalogique, comme le propose J.-L. Viaux (2022), mais aussi l’expression de processus groupaux d’aliénation à l’œuvre dans la société.