Je m'attendais à une énième mauvaise comédie avec Poelvoorde. Finalement ça passe.
La première moitié est vraiment très drôle : les personnages sont chouettes, bien écrits, la complémentarité est correctement exploitée (ça pourrait aller plus loin mais c'est déjà bien), les situations sont cocasses et bien exploitées. La seconde moitié est moins efficace : le développement est plus décousu, les petites victoires sont un peu faciles, peut-être parce que l'auteur passe trop de temps sur chaque scène sans que celle-ci ne permette de faire évoluer l'histoire, du coup, la progression se fait par à coup ; la fin est assez disgracieuse, avec une série de coups de théâtre (dont celui attendu des révélations à la famille). C'est aussi décevant, parce qu'au final, il n'y a pas vraiment de scène qui atteste réellement que les personnages sont en train de tomber amoureux, il n'y a pas de travail sur cette romance, comme si le simple fait d'être quelqu'un de sympa et de devoir vivre avec en faisait une personne digne de son amour : c'est trop facile. Et puis ça superficialise les enjeux et c'est bien dommage, parce que le film pose des questions assez intéressantes en soi et les auteurs évitent de délivrer un produit trop lisse, du moins dans sa première moitié (le portrait de la famille est plus trash que j'aurais cru, bon y a toujours le fiston qui est trop sympa à mon goût, mais fallait bien créer une attache afin que le héros ne se barre pas au plus vite).
Le discours, je n'y adhère pas du tout. Tout d'abord, peu importe comment le film se termine, on ne peut que retenir qu'une chose : l'argent fait le bonheur. Le bonhomme achète la famille et la seule scène où tout le monde se réjouit d'être ensemble, c'est quand il fait cracher son portefeuille pour aller dans un super hôtel. C'est LE seul moment où la famille ne se dispute pas. C'est dommage de n'avoir pas su construire un bonheur autrement. L'autre message important du film, c'est que c'est celui qui ramène l'argent qui est le chef de famille. L'idée en soi est alléchante pour faire évoluer le personnage principale, mais dans la mise en pratique, on retiendra que c'était vraiment ce dont cette famille avait besoin, que la femme reçoive ses petits ordres et qu'une discipline imposée aux enfants leur permettra forcément de s'épanouir et d'apprécier ce donneur d'ordre qu'est le nouveau 'père'. Je ne suis pas sûr que c'était la volonté des auteurs de délivrer un tel message au vu de la conclusion finale où les enfants indiquent bien qu'ils sont bordéliques, que c'est leur nature ainsi, d'un coup, le héros perd son statut de 'chef', mais ça reste assez faible, étant donné que durant tout le film les seuls moments où ça ne gueule pas sont lorsqu'il donne ses ordre. Et quand il crache de l'argent... Il y a des pistes laissées en suspens dans le scénario : que va penser la famille en revoyant Paul-André ? Est-ce que Violette parviendra à se défaire de sa famille qui aime bien se foutre de sa gueule et la dévaloriser sans qu'elle s'en rende compte ? Soit. Chacun est libre d'émettre l'avis qu'il veut. Ici, les messages perdent de leur force à cause de la deuxième moitié du scénario moins construit. Et c'est ça qui me gêne le plus au final : que ce soit décousu.
La mise en scène fonctionne bien. Les décors sont chouettes mais pas assez exploités. La photographie est correcte. Le découpage fonctionne bien, les passages comiques sont bien mis en valeur par le travail de caméra. Seule la scène de pique-nique est bizarre : elle arrive de manière abrupte et avec cet effet brillant, on a l'impression que ça pourrait être un rêve alors que non. Le montage est correctement rythmé. Les acteurs sont bons : Efira ne se laisse pas manger par Poelvoorde ; elle offre une prestation dramatique assez étonnante pour ce film, c'est assez bizarre. Les gosses jouent bien. Poelvoorde a trouvé un bon rôle, ça faisait longtemps ; c'est un peu triste çà dire mais c'est vraiment dans le personnage du loser qu'il excelle le plus, et ici il est bon dans cette violente retenue. La musique passe aussi.
Bref, ça se regarde. Dommage que la deuxième partie soit moins bien gérée.