La comédie italienne des années 60 a produit de nombreux chefs d'œuvre de Dino Risi, Ettore Scola (Affreux, sales et méchants est le summum de la comédie sur une famille italienne en décomposition littérale dans un bidonville) ou Mario Monicelli. Après une mise à mort du cinéma italien orchestrée par la télévision en général, par Sua Emittenza Silvio Berlusconi en particulier, le cinéma italien renaît peu à peu de ses cendres grâce à des auteurs comme Paolo Sorrentino ou Matteo Garronne (Courez donc voir Dogman, un des meilleurs films de l'année). Gabriele Muccino, ci-devant réalisateur de cette Famille italienne, est connu pour ses mélodrames avec Will Smith (A la poursuite du bonheur, le tire-larmes Sept vie) rentre au bercail pour mêler son mélo à la sauce transalpine sans l'interprète de Wild wild west ou After Earth (j'ai choisi a dessein ces deux énormes navets pour illustrer la carrière du Prince de Bel Air...)
Cette famille petite bourgeoise se réunit pour la célébration des 50 ans de mariage de Pietro et Alba, les patriarches, dans la petite île où ils vivent. Mais tout ce petit monde se retrouve coincé par une tempête pendant deux jours au moment du retour sur la terre ferme. L'heure de tirer les couteaux est alors arrivée.
Parmi toute cette illustre lignée de prédécesseurs, Muccino se place dans le sillage de Pietro Germi, auteur de Divorce à l'italienne et de Séduite et abandonnée, deux films où brille la jeune Stefania Sandrelli, tête d'affiche et trait d'union entre les époques de cette Famille italienne. À présent que le divorce n'est plus passible de prison (comme dans les années 60) et où la pudibonderie chrétienne est passée de mode, Muccino dépeint une famille moderne recomposée en décomposition. Les personnages rivalisent de rancœur et de jalousie sous un vernis de respectabilité. Ils/elles portent des cornes comme d'autres portent un chapeau.
Mais il y a comme un sentiment d'inachevé qui se dégage. À moins que ce ne soit plutôt une forme de déjà-vu qui s'impose. Ni film choral, ni chronique familiale, le réalisateur ne sait pas sur quel pied danser. Ce déficit d'originalité est lié à un scénario insipide qui répète paresseusement les mêmes scènes (celle du piano par exemple). La comédie à l'italienne d'après-guerre valait autant pour ses scénaristes que pour ses metteurs en scène. Il manque donc cruellement ici de ce regard amer et ironique qui rend le rire coupable, donc d'autant plus jouissif. Bien sûr, une famille à l'italienne ne se revendique pas comme une comédie, mais cet héritage assumé (Outre Stefania Sandrelli, Muccino invite également Sandra Milo, égérie méconnue de Fellini, pour un petit rôle) appelait une qualité narrative supérieure.
PS : il faut visionner de toute urgence les films de Pietro Germi, Ettore Scola, Dino Risi et Mario Monicelli, modèles de comédie à l'humour noir décomplexé.