Il me semble me rappeler que j'avais aimé le film, vu à sa sortie en 1976. Pourtant il y avait des points qui auraient dû me déplaire à l'époque ...
En tous cas aujourd'hui, je n'aime plus vraiment et même en sors très déçu.
Déjà, c'est tiré d'un roman de Drieu La Rochelle, "l'homme couvert de femmes", le socialiste fasciste, l'antisémite, le dandy, le commis des uns et le valet des autres ... Je n'ai jamais lu et même si j'ai pour règle de dissocier l'œuvre de l'auteur, il y a des limites que je répugne à franchir. Pour ne pas trop charger la barque, on va faire comme si le scénario n'était pas tiré d'un roman.
Le sujet du film aurait pu présenter un intérêt : en 1936, une femme belle et riche, d'origine autrichienne (Romy Schneider) cherche le grand amour qu'elle n'a pu trouver ni auprès de son mari (Umberto Orsini), un dandy diplomate, ni auprès d'un ami français très cultivé (Philippe Noiret). Elle le trouvera par hasard auprès d'un homme poursuivi par la police de Metaxás, militant révolutionnaire et communiste (Victor Lanoux).
D'un point de vue mise en scène, il y a des plans que j'aime bien : quand l'action se passe sur le site de Delphes ou sur la route de Delphes à Thèbes (à l'endroit légendaire où Œdipe tua Laïos, nous dit Noiret) ; c'est même superbement filmé au point que j'entendais le soleil faire chanter les cigales dans les champs d'oliviers ... Même la "passe d'armes" entre Noiret et Lanoux sur l'importance de la civilisation grecque : Lanoux qui joue le rôle d'un révolutionnaire grec est résolument tourné vers l'avenir même s'il peut se retrouver dans certains personnages de Sophocle et Noiret ne construit la vie d'aujourd'hui qu'à partir du passé (on reconnait d'ailleurs le futur Noiret délicieux "d'on a volé la cuisse..." ) ...
Ensuite il y a les tenues et chapeaux portés par Romy Schneider qui valent bien mieux que le coup d'oeil. Les portraits qu'en tire Pierre Granier-Deferre sont magnifiques. La femme romanesque par excellence.
Voilà, j'ai épuisé mes arguments "pour".
Parce qu'ensuite, c'est creux, mais creux. C'est vain mais vain. Un monde où il semble que les seules occupations soient le tennis ou les réceptions mondaines. Un monde décadent qui vit en sustentation dans un monde grec qui mérite mieux que ça. En fait, je reprends autrement : un petit monde décadent dans un vaste monde en ébullition sur des valeurs fondamentales.
Les personnages sont flous et peu consistants. Et ce n'est pas le montage bordélique qui va aider le spectateur à s'y retrouver entre les flash-backs à diverses périodes qui compliquent inutilement le film en lui voulant faire genre. D'un point de vue pédagogique, Granier-Deferre aurait été inspiré en laissant quelques repères au moins historiques puisqu'une des finalités du film est de montrer l'évolution de ces gens dans le grand tourbillon de l'Histoire. On pourrait même imaginer qu'on creuse certains sujets. La fin mélodramatique aurait pu avoir du sens et même être très belle et émouvante si elle avait été amenée proprement au lieu de tomber comme un cheveu sur la soupe.
Dois-je continuer vers le pire ? C'est le couple Victor Lanoux et Romy Schneider : on y croit tous ! Attention, je ne dis pas que cela puisse être impossible, je dis que tel que c'est amené, on a plutôt l'impression de quelque chose d'au mieux unilatéral. Alors qu'il est facile d'imaginer ce qu'un autre réalisateur aurait pu faire (peut-être avec des moyens supérieurs et encore) pour rendre cohérent une véritable intrigue romanesque. On peut même imaginer que Victor Lanoux, mieux dirigé, plus étoffé, aurait pu faire l'affaire, du fait justement de l'allure différente de l'acteur qui contrastait avec les autres soupirants. Là il n'est carrément pas de taille.
Non, le film n'est pas nul. D'une part le contexte politique grec et européen, d'autre part, Romy Schneider sont des éléments suffisants pour intéresser un spectateur.
Mais un montage trop complexe, une ambition qui ne s'est pas donnée les moyens nécessaires, une trop grande importance donnée à un monde décadent, un couple central malheureusement pas crédible n'ont pas réussi à me convaincre qu'il s'agissait d'un bon film.