Encore un film qui peut compter sur le talent décidément incroyable de l’actrice récemment césarisée pour « Antoinette dans les Cévennes », l’inénarrable Laure Calamy. Dans « Une femme du monde », elle est quasiment de tous les plans. Et dans un rôle bien plus sérieux et dramatique qu’à l’accoutumée, elle rayonne. Encore une fois. Mais, et il y a un mais, on commence en effet à s’habituer à ce tempérament, cette voix et ce physique si singuliers qui symbolisent cette comédienne hors pair découverte à la télé et qui s’épanouit de plus en plus au cinéma dans des seconds et maintenant des premiers rôles bien mérités. Conséquemment, on n’est beaucoup moins surpris par sa prestation, certes de haute volée, mais qui n’est la meilleure de mémoire.
De plus, il faut souligner que ce rôle de prostituée lui demande beaucoup. Elle donne d’ailleurs tout mais son personnage, et surtout l’obstination et parfois les mensonges de celui-ci, rendent ce dernier peu aimable et qu’il est parfois très difficile de se mettre à sa place. Et plus qu’un film sur la condition de fille de joie, « Une femme du monde » est avant tout une œuvre sur une relation mère-fils plutôt toxique et violente. Tout du moins pendant une bonne partie du film. Et son adolescent de fils en crise joué par le jeune Nissim Renard (encore un excellent jeune acteur) n’est pas plus agréable. Et comme ils forment le duo principal et quasiment exclusifsdu long-métrage, on suit durant près de deux heures deux protagonistes moyennement sympathiques, ce qui n’aide ni à l’empathie pour eux, ni à s’y identifier. Ils en deviennent même presque agaçants arrivé à un certain point. Leurs choix, leurs motivations et leurs façons de faire apparaissent même parfois quelque peu incompréhensibles, bêtement obstinées et énervantes.
A noter également que le film accumule pas mal de longueurs et de sous-intrigues dispensables (le client fidèle et sa trahison) qui ralentissent le rythme. En revanche, on voit que pour son premier long-métrage de cinéma, Cécile Ducrocq s’est fortement renseignée sur le monde de la prostitution à la frontière franco-allemande. Cela se ressent dans certaines séquences presque documentaires et finalement les plus intéressantes. Au niveau de la mise en scène, on est davantage proche du téléfilm haut de gamme que du film de cinéma. Elle tend vers le réalisme presque naturaliste comme on en voit beaucoup dans les premiers films et le cinéma d’auteur contemporain. « Une femme du monde » est donc moyennement réussi et moyennement captivant mais il recèle assez de qualités intrinsèques pour convaincre et attendre le prochain essai de son auteure. Et il doit beaucoup à son actrice principale chevronnée.
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