J'étais en froid avec Godard depuis le visionnage d’À bout de souffle, certainement l'une de mes pires expériences de cinéma. Pourtant, ses films continuaient de me faire de l’œil. J'ai prudemment choisi de voir Une femme est une femme, réputé comme l'un de ses plus accessibles. Et me voila réconcilié avec Jean-Luc !
La musique a une place prépondérante dans ce film, qui aurait apparemment été pensé comme un hommage à la comédie musicale. Cela se ressent dans la diction des acteurs, qui déclament leur texte comme si c'était un refrain. Godard va même jusqu'à insérer de la musique entre deux répliques pour souligner l'effet. En résulte des dialogues complètement artificiels et paradoxalement crédibles. C'est là le véritable tour de force du réalisateur : il joue avec le fait que les images au cinéma sont fabriquées (couleurs vives, acteurs qui brisent le quatrième mur...) et pourtant il parvient à créer des scènes belles et touchantes, comme celle où Anna Karina chante face caméra, a capella.
C'est d'ailleurs cette actrice qui emporte le film, elle crève l'écran avec son rôle de femme pétillante. Les scènes où elle se dispute avec son mari sont vraiment délectables puisque leur conflit est réduit à de simples enfantillages. Ce côté "celui qui dit qui l'est" est hilarant, d'autant plus que Godard trouve plein de moyens de se moquer de leur absence de communication (les livres, la brosse à dent). Dommage que les moments où Belmondo et Karina sont ensemble n'aient pas la même folie. Ils sont beaucoup plus posés, à tel point qu'ils freinent le rythme du récit. De plus, ils ne font pas preuve d'autant d'imagination et c'est regrettable.
Une femme est une femme est un film absurde qui véhicule beaucoup de bonne humeur. Si l'ensemble n'est pas parfait, il regorge d'idées de mise en scène et de répliques intelligentes. Un régal.