Pour son premier film, Negar Azarbayjani cumule toutes les tares. C'est une femme, elle tourne en Iran et son propos porte sur la transsexualité dans son pays. Comment faire alors pour combattre la censure ? La réalisatrice a choisi de lutter par l'intermédiaire de sa caméra en racontant une histoire poignante. La rencontre de deux femmes que tout oppose. Le choc de deux destins qui vont être bouleversés.
Le propos du film est très fort. Parler de sexualité en Iran en 2015 relève d'un courage remarquable. Quand l'une est chauffeur de taxi pour pouvoir subvenir aux besoins des siens, l'autre veut quitter le domicile familial afin de changer de sexe. Avec cette œuvre, les femmes retrouvent un véritable statut : celui d'être humain, doué de pensée et d'opinions. La voiture dans laquelle elles se rencontrent représente le symbole d'une fuite en avant. Échapper à l'oppression politique, sociale et familiale pour pouvoir vivre, et plus survivre.
La précarité de la mise en scène surligne la thématique d'Une femme iranienne. Comme s'il n'était pas concevable de réaliser une fiction de cet ordre, on croit avoir à faire à un documentaire sur une transsexuelle. Il n'en est rien, les plans-séquences de la cinéaste sont précis et dévoilent des tabous incurables. Plus qu'un propos politique, cette manière de filmer met en lumière l'importance du sentiment. Deux scènes (la prison, la chambre conjugale) témoignent de la frustration amoureuse à laquelle ces personnages sont confrontés. Finalement, ces séquences représentent à elles seules la pureté de leurs ressentis, mais aussi leurs duretés.
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