La chose qui frappe dès la première image, c'est la photo à tomber. Ces zones du corps de Charlotte filmées une à une, en gros plan, pour un effet justement quasi-photographique. Son corps et son visage aussi, ses mimiques, ce tic de replacer ses mèches de cheveux ou de se caresser les joues du bout des doigts... le tout incarné par le craquant minois de Macha Méril (Tout ça ne lui a pas évité de faire de la radio avec Philippe Bouvard et Jacques Balutin. Chienne de vie).


Reste que ce scénario volontairement sommaire ne parvient pas à captiver sur la longueur. Godard capte assurément quelque chose de l'air du temps, de l'émancipation des femmes à cette époque, de l'essor de la société de consommation... mais ne cherche pas à tisser d'enjeu précis au sein de ce cadre de départ. Peut-être qu'en 1964 le simple fait de montrer cette femme adultère sans la culpabiliser un instant, sans rendre l'histoire tragique, constituait en soi un propos fort et original... mais on en était déjà plus là je pense.


Le bougre l'a montré dans d'autres films pourtant : il a le truc pour donner de la grâce aux romances qui sortent des sentiers battus. Ça m'a donc étonné de le voir se concentrer ici sur la femme et pas sur le triangle amoureux dans son ensemble. Résultat le mari comme l'amant sont deux endives de compétition, et on a envie de conseiller à Charlotte de les jeter l'un comme l'autre pour s'en dégoter un troisième.


Tout ça se ressent notamment dans les dialogues. On est souvent sur le registre du bavardage, et si ça fonctionne parfois on obtient la plupart du temps quelque chose qui oscille entre l'anecdotique et le toc, en décalage avec le côté frais et spontané que c'est censé apporter. Très loin de la tchatche inspirée d'A bout de souffle ou Pierrot le fou.


En fin de compte les scènes les plus réussies sont avant tout des bijoux visuels : Les gros plans à l'aspect photos donc, mais aussi un ballet de taxis échappatoires, des jeux aquatiques filmés en négatif, un magazine féminin version scopitone, et l'approche tactique d'une chambre d'hôtel. Là y'a du ciné, et le film mérite l'attention rien que pour ça ! C'est simplement dommage que cette fantaisie formelle ne se retrouve pas chez les personnages eux-mêmes.

VilCoyote
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le 29 avr. 2014

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VilCoyote

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