Il a fallut attendre 38 ans pour voir ce film en France et comme un bon vin, il s'est bonifié avec le temps. Sortie en 1970, il serait surement passé inaperçu, alors que là, on redécouvre l'esthétisme des 70's: les mobylettes improbables, les voitures d'entant, même les lumières campagnardes hamiltonienne si longtemps classés ringardes nous fascine dans ce film. Ce premier long métrage de Roy Andersson restera indéniablement son film plus abordable au grand public, et même s'il s'agit du premier long métrage, il sera le trait d'union entre ses court-métrages d'étudiants, très influencé par la nouvelle vague qui filme le quotidien et les thèmes qui viendront dans ses futures films (le pessimisme d'un monde monotone, le ridicule du quotidien des petits gens et son sens aiguisé du cadrage). C'est justement ces contre-points sombres sur lesquels le réalisateur travaille ici pour la première fois qui empêchent cette love story de tomber dans la mièvrerie habituelle du genre et tout en préfigurant le devenir de ce jeune couple. Dont la beauté de la très jeune Annica est à se damner, tout comme celle de son jeune amant Per pour la gente féminine.